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Palcotille

épéeDans le microcosme taurin du Sud-ouest – ne connaissant pas celui du Sud-est, je me bornerai à disserter sur celui que je peux observer de temps en temps – deux types de « places » sont particulièrement recherchées : membre d’une commission taurine et membre d’une présidence de corrida ou novillada. Pour l’ego, les deux sont semblent être la panacée même si être membre d’une organisation donne plus de « pouvoir » et de reconnaissance sociale locale que de monter au perchoir. Les occasions de serrer des paluches, de bouffer gratis, de visiter des élevages dont on ignore même jusqu’à l’origine du sang, de dire que tel professionnel est votre pote depuis vingt ans, de donner du « Alain ! », de montrer votre cabine en callejón chez les voisins en fumant le cigare, le cheveu blanc bien tiré en arrière avec les traits du peigne qui font des sillons parfaits comme dans les champs de céréales de votre terre gasconne, d’y refuser des gens (dans votre callejón) parce que finalement si ça ne sert pas à ça, à affirmer son ridicule petit ego, ça sert à quoi alors ? les occasions, donc, de gonfler le pecho et de croire en sa propre suffisance sont bien plus nombreuses en appartenant à une commission taurine qu’en montant au Palco.

Ces dernières années pourtant – mais j’imagine que le système a toujours existé – ce sont souvent les mêmes que l’on retrouve qui en bas qui en haut. La coutume tacite de demander à un membre d’une organisation voisine ou amie d’être à la présidence semble s’être généralisée et l’on se prête de l’important entre placitas gasconnes, on s’échange de l’orgueil et du ridicule en se collant des abrazos bien virils, en se conseillant des élevages pour l’an prochain parce que c’est un copain l’éleveur, parce que pour ton arène c’est ce qu’il faut dit le gros qui sait tout au petit ignorant. J’organise ici, je préside là. En haut, en bas. Et le public devant puis derrière, avec le sourire surtout, parce qu’on fait jouer la musique pour un oui, pour un non. Car ce système, soutenu dans les places de première (on rit toujours en écrivant première catégorie pour certaines places françaises – voir la grêle d’oreilles tombée à Mont de Marsan) par des considérations politicardes, n’amène rien de bon pour la tenue des courses organisées. Triomphalisme, peur de déplaire aux amis (pas aux aficionados, non, aux copains qui organisent oui), arrangement avec le règlement (les deux piques du règlement taurin par exemple) et autres. Je fais chez les potes ce que j’aimerais qu’ils fassent chez moi. Ce n’est peut-être pas mieux en Espagne, ni dans le Sud-est, c’est vrai, mais c’est affligeant tout de même et totalement regrettable pour l’indépendance des palcos et le sérieux d’une arène dont certaines, ici dans le Sud-ouest, fondent leur réputation sur la recherche de ce sérieux. En certains lieux, l’adoucissement du sérieux est en passe de se muer en concept d’organisation. Les conseilleurs de callejón sont de piètres visionnaires et souvent de mauvais présidents.

  1. J M Répondre
    Belle image qui résume bien de notre société (passée, actuelle et avenir). Platon l'avait rêvée idéale (la société). Utopie. Chimère. De " l’imaginaire à l’irréalisable". Définitivement. Pourquoi la tauromachie devrait-elle être différente et unique?
  2. ANNE-MARIE Répondre
    Mais peut-être qu'un de ces jours, tout ce petit monde n'aura plus rien à faire. Jean-Pierre Garrigues et consorts viennent de remporter une victoire. En espérant que nous serons assez forts pour qu'ils ne gagnent pas la guerre, les pourris !
  3. Xavier KLEIN Répondre
    Très bien vu...

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