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Le torero de l’intranquillité

Il s’est appelé Tomasito. Il s’appelle Thomas Joubert. Joubert.
Je l’ai très peu vu. Il torée peu, mais on se dit que ce gamin a quelque chose à raconter.
Il évoque furtivement des souvenirs lointains, une tauromachie surannée, quasiment disparue.

Après Istres Jacques Durand, dans sa lettre pleine de gens, en a écrit ceci :

Samedi. Thomas Joubert reçoit les deux oreilles de Cacareo, toro vaillant et franc de Joselito. Sa faena, d’une efficacité intermittente et d’une exactitude pas toujours assurée, sans doute par manque de pratique, est marquée par la constante sincérité de son positionnement.
Elle colporte cette esthétique très personnelle du frôlement laconique plutôt que de l’empoignade bavarde que ce torero semble vouloir donner
à tous ses gestes. Une esthétique où on verrait bouger l’ombre de Manolete pour sa verticalité hiératique et celle de Juan Mora, pour le
jeu des coudes et, le ventre en avant, l’abandon de soi.

On peut discuter sur la parenté avec Juan Mora, et on se dit qu’il ne révolutionnera rien, mais qu’il peut être une sorte de jardin secret pour aficionados.
Un ami évoque avec lui un torero mélancolique et nous renvoie à l’indéfinissable sentiment de saudade. J’y ajouterai un sentiment de fragilité, qui n’a rien de négatif à la vérité. Un matador comme Curro Vasquez nous l’inspirait, et il n’en n’était pas moins précieux. Certes beaucoup plus abouti techniquement que Joubert. Mais là et aujourd’hui n’est pas la question ; car les limites techniques de Joubert on les devine contextuelles.

Autant dire qu’il n’y a rien chez Joubert qui soit réellement dans l’air du temps. Et c’est tant mieux.

La photographie, pas si mélancolique que ça, est de Morgan Mirocolo.

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