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José Tomás n’existe pas

Fraysse - José TomasIl s’écrit beaucoup de choses sur José Tomás, depuis toujours. J’avoue ne plus trop les lire depuis quelques temps. Entre haine, suivisme aveugle et détestation. C’est finalement la marque des grands que ce susciter autant de controverses. Le problème est qu’actuellement entre la horde des moutons suiveurs du dernier wagon et quelques aigris de l’autre bord on ne peut pas dire que les débats volent bien haut. Il n’y a d’ailleurs pas franchement débat. Tout simplement, et quitte à passer pour un vieux con, because Tomás c’était mieux avant, lorsqu’il existait, vraiment et totalement.
Je suis pourtant tombé sur cet article de José Luis Vadillo dans El Mundo en 2014, toujours d’actualité, et que je me suis permis de traduire, sans lui demander la permission. J’espère qu’il ne m’en voudra pas trop… Et pardon pour la traduction. C’est pertinent, car c’est une vision globale et synthétique de la carrière de celui qui, oui, restera comme un monstre à part sur la planète des toros.

L’illustration de ce post est de Sylvain Fraysse.

José Tomás no existe.

Les dernières années du XXème siècle et les premières du XXIème ont mis en lumière une figure unique, un torero dont il s’est rapidement confirmé qu’il était appelé non pas à diriger l’escalafón ou se convertir en maître de référence de sa génération, mais à révolutionner l’histoire du toreo. Presque rien.

En mai 1997, quelques minutes après avoir ouvert sa première grand porte de Las Ventas comme matador de toros, un José Tomás, jeune et calme confessait que son ambition était d’avoir tellement de succès que cela l’autoriserait à toréer uniquement ce qu’il voudrait.
Et il chiffrait à 40 après-midi par an et même moins, le nombre juste de ses apparitions pour sortir se jouer la vie en piste à l’occasion de chacune d’entre elles.
Son objectif n’était pas la barre des 100, comme les toreros médiatiques l’avaient mise à la mode, ni les 60 qu’approchait Joselito, sans doute la référence la plus forte de cette décennie.

Six saisons plus tard, après une demie douzaine de grandes portes à Madrid (et quelques autres qui lui ont échappé à cause de l’épée), converti en une référence taurine et populaire, le diestro de Galapagar s’est laissé aller.

Il s’est abandonné quelques après-midi ou n’a pas été à la hauteur dans d’autres, alternant les grands moments avec d’autres de plus faible intensité. Et c’est ainsi que pris fin réellement la carrière de José Tomás.
Le mythe était alors érigé. Il l’a élevé à base de courage, de connaissance des terrains, d’art, d’adaptation de son idée du toreo à l’animal et d’une stratégie marketing aussi risquée qu’efficace : créer une telle attente de soi même que le public soit désireux de le voir. Qu’il en ait besoin.
S’il avait connu la trajectoire de la carrière du diestro, Steve Jobs l’aurait applaudi, sans aucun doute.

Dans cette douzaine d’années écoulées, José Tomás a été une comète dans l’orbe taurin : lumineux, exceptionnel. Ses apparitions et réapparitions ont été couverts comme s’il s’agissait de véritables évènements. Et la vérité est que ça en était.
Depuis son retour aux teintes revendicatives dans les arènes de Barcelone en 2007, jusqu’aux terribles après-midi à Madrid en juin 2008, celle du 5 et celle du 15, en passant par la cornada qui fut sur le point de lui couter la vie à Aguascalientes (Mexique).
D’évènements en évènements certains célèbres, d’autres courageux, certains artistiques, les années ont passé, les saisons, et José Tomás n’a pas cessé d’être cette comète qui réapparaît de temps en temps. Une comète de Halley taurine avec laquelle on peut toujours compter, mais qui n’est jamais là plus longtemps que sa splendeur ne peut le supporter. Son histoire, comme torero, avec tout ce que la profession implique, il y a longtemps qu’elle est terminée.

  1. Anne-Marie Répondre
    Au moins il était sur le mur à Nîmes, merci Monsieur Fraysse. En dépit de ces considérations, fondées certes, il ne faut pas le jeter avec l'eau du bain. Il en restera quand-même un peu du José.

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