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Hommage à El Loco

Dans un mas en Camargue, Jacques Durand s’avance en piste vers Rodolfo Rodriguez «El Pana» et lui lit quelques lignes. Nous étions en octobre, ou en novembre, et El Pana ne passerait pas l’hiver. Evidemment personne ne s’en doutait.
Le texte lu par Jacques était tiré d’un recueil de l’écrivain Norman Mailer intitulé «L’Amérique» (Editions Les Belles lettres). Le morceau choisi provenait du texte : Hommage à El Loco.

Au Mexique, l’heure qui précède le combat est toujours la meilleure de la semaine. Il serait mémorable de ne pas ressembler à Hemingway, mais en fait, on se réjouissait dès la veille en pensant simplement à ce moment du lendemain. Plazza Mexico, les cages populaires, ouverts seulement le dimanche, gigantesques tels des bier gätener, envahis par le public (nous autres touristes, truands, maquereaux, voleurs de sacs, nanas de variété mexicaine — le putains avaient des coiffures et des derrières qu’on ne voyait nulle part ailleurs dans le monde, une chevelure verticale surplombant leur tête de vingt-cinq centimètres, un postérieur projeté à l’horizontale sur la même longueur, dans l’espace que la femme venait à peine de franchir). Les mariachis lançaient leur complainte romantique, hurlante, guitare, violon, chants de carnaval et trompette, leur chant parlait de coeurs sincères, et la lamentation des coeurs brisés se transmettait directement à la trompette, au point que certaines fois, quand l’homme avait bu suffisamment de tequila ou de rhum mexicain, c’était peut-être le meilleur son qu’on pût entendre en dehors de Miles Davis.

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