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Les Aguirre d’Isabel

Vic-Fezensac – Dimanche 18 septembre 2016 – 6 novillos de Dolores Aguirre Ybarra pour Manolo Vanegas, Juan de Castilla et Gerardo Rivera.
Novillada superbement présentée, une tía. Les trois novilleros firent face avec honneur et courage à ce flot de caste. Le plus technique et « abouti » fut Manolo Vanegas et le plus vert fut Gerardo Rivera qui rendit les papiers face au manso dernier… mais même Ruiz Miguel eut sué sang et eau.
Une véritable course vicoise !
1. ‘Pitillito II’ , 2. ‘Comadroso’, 3. ‘Guindoso’ (prévu en sixième position mais sorti en troisième car son frère refusait de sortir), 4. ‘Burgalito’, 5. ‘Pitillito III’, 6. ‘Comadroso II’.


Certains se sont posé la question quand elle est décédée. On se demande toujours ce que les enfants feront de l’héritage de leurs parents parce que les héritages sont lourds à porter. L’argent y aide en certains cas, l’obstination aussi, les gènes allez savoir. Isabel Lipperheide Aguirre ressemble à sa maman et sa blondeur épaisse qu’elle coiffe comme une vague se remarque bien vite mais moins finalement que cette allure faussement nonchalante qui fait se retourner pour la regarder de loin comme absorbée par les mots de son mari qui fume à ses côtés. La conseille-t-il ? Rien n’est moins sûr tant le visage de la fille de sa mère rappelle justement celui de la mère dont on savait qu’elle pouvait se passer de conseils, même de ceux d’Antonio Ordonnez et quand on élève des toros de combat, il est judicieux de se passer des conseils d’un torero, fut-il la maxima figura du siècle passé.

Isabel Lipperheide a le regard assuré de sa mère qui lui a légué, ça devient un fait, le goût des toros de lidia, de ceux que racontent les livres d’avant — mais qui les lit encore ?. Des toros fiers, des toros de trois piques fortes et poussées sur des mètres en mettant les reins, les cornes, les pattes, la queue et les yeux révulsés, des toros à la charge vibrionnante et à la caste dressée jusqu’au dernier poil de la queue. Ce sont ces estampes qui doivent courir dans la tête d’Isabel Lipperheide quand elle marche sans se presser pour aller aux arènes. Avec le temps, tout s’en va, les visages de ceux que l’on aimait aussi. Celui de sa mère comme les autres. Alors, conserver intacts les toros créés par elle, c’est revoir à chaque course le visage souriant et déterminé de sa mère qui aurait été fière de ses « petits » ce dimanche à Vic-Fezensac. Elle ne supportait pas la faiblesse, ils furent forts, solides et endurants, particulièrement lors du premier tiers (20 piques – des vraies) durant lequel quatre ou cinq offrirent des poussées de tractopelle All blacks, la tête fixe et les reins contorsionnés par l’effort. Oui, certains piqueros avaient monté la pique à l’envers — le président de la FSTF leur fit justement remarquer à haute et intelligible voix — oui, certains furent assaisonnés plus que de raison et oui certains sortirent seuls mais qu’il était heureux de retrouver un grand tercio de piques mené avec toute la rigueur qu’imposait un ciel lourd et menaçant et une présidence dans l’esprit de Vic.
Dolores Aguirre savait être piquante avec humour et classe et ses toros chargent comme elle était. Comme quoi, le toro est oeuvre humaine et les meilleurs toros de verdad du moment ont pris les atours de deux femmes blondes et droites qui dialoguent encore, l’une avec l’autre, à travers eux, par eux, pour eux. Que ça dure !

  1. Anne-Marie Répondre
    Ah sacré Laurent ! Dés qu'elles s'appellent Isabelle ! Effectivement, que cet élevage dure encore longtemps. Ils étaient beaux les bébés.

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