Le nouveau directeur des arènes de Madrid, vous le savez, est Simon Casas. Nous y reviendrons.
Dans le País, Antonio Lorca, en a écrit, librement, ce qu’il en pense.
Pour cet article, Lorca s’est fait traiter d’antisémite, de raciste ou de salopard. Je suis très loin d’être un grand fan de Lorca. Je ne m’en suis jamais caché ici, notamment après les grâces sévillanes. Ceci étant il y a des mots qui ne devraient pas s’employer sans un minimum de réflexion, de sérieux, de recul. A la demande de quelques lecteurs nous avons donc traduit le papier incriminé. Vous jugerez par vous-même.
L’arrivée de l’impresario français Simon Casas aux arènes de Las Ventas est une nouvelle réellement inquiétante qui ne peut laisser indifférent quiconque est un minimum préoccupé par la survie de la fiesta.
Se consumó el desaguisado (que je traduirais par : la menace du désastre est devenue réalité ou encore : c’est la fin des haricots… Vraiment pas évident à traduire ça, comme expression !)
La communauté de Madrid, propriétaire des arènes, n’avait pas d’autre choix que Taurodelta, qui a échoué dans sa longue étape de dix ans dans les bureaux de la calle Alcalá, ou Casas qui a présenté la meilleure offre et est parvenu à ses fins après deux décennies de vains efforts.
Tout aurait continué de la même (mauvaise) manière avec la prorogation de l’ancienne direction, mais maintenant tout peut être pire, et plus encore.
Il est juste et courtois de souhaiter la bienvenue au gagnant et lui souhaiter les meilleurs augures pour le bien, spécialement, de la tauromachie.
Mais Monsieur Casas devra beaucoup changer pour que ses bonnes intentions (« il s’ouvre un avant et un après dans le toreo ») soient crédibles et que certains aficionados arrêtent d’avoir les jambes tremblantes depuis qu’ils savent qu’il est le nouveau directeur de Las Ventas.
Simon Casas (Nimes, 1947), synonyme de Bernard Domb, fils d’une mère turque et d’un père polonais, fut matador de toros une seule journée, celle de son alternative, en 1975, dans ses arènes natales et il abandonna l’habit de lumière pour les bureaux, et vivre toute une vie comme impresario, apoderado, un personnage singulier qui aura gagné de l’argent et de la popularité mais pas du prestige.
Autoproclamé «producteur culturel», avec des airs d’aventurier, amoureux de la gestuelle, grossier et histrion, il est un expert reconnu en charabia, avec des intentions d’apparence insultantes.
Avide de notoriété il parle à l’excès, toujours avec passion, sur le même mode, même fréquence, se trompe.
Sa vacuité verbale est aussi débordante que son audace et ses plans manquent de clairvoyance car ils sont démentis par leurs réalisations.
Si son image publique est une déception, sa trajectoire professionnelle est très préoccupante.
Ils sont nombreux ceux qui affirment qu’il est un taurin à faire trembler.
Défenseur du toro anovillado et artiste -la gestion des arènes de Nîmes basée exclusivement sur l’encaste Domecq en témoigne- et partisan de l’expulsion des gradins « des 20 ou 30 intégristes » qui défendent la pureté de la fiesta ; effronté avec les aficionados et les journalistes qui ne partagent pas ses idées, et mal élevé avec l’autorité lorsqu’elle ne se plie pas à ses désirs.
Pour l’histoire extravagante et honteuse de la tauromachie il restera cette photographie dans laquelle il apparait faisant un doigt d’honneur au président de Nîmes qui avait refusé de concéder un trophée à Daniel Luque qu’il apodérait.
Enfin, le nouveau directeur connaitra, sans doute, les arcanes de ce commerce, mais il manquera -il semblerait- du style et de la réputation qui doivent aller avec le responsable de l’arène la plus influente du monde.
Et le plus grave : son concept de la tauromachie est, justement, le contraire de ce dont la fiesta a aujourd’hui besoin.
Espérons que tout ce que je viens d’écrire soit une immense erreur, que Monsieur Casas nous surprenne et nous éblouisse avec un esprit révolutionnaire et novateur ; espérons qu’il soit capable de convertir les arènes de Las Ventas en un miroir d’espérance pour les aficionados ; espérons qu’il en soit ainsi.
En attendant, son arrivée est une nouvelle inquiétante, décision de la communauté de Madrid, plus préoccupée par son désir d’encaisser que par la grandeur de la fiesta. Si Monsieur Casas échoue, il faudra blâmer ceux qui l’ont désigné, dans un manquement flagrant de responsabilité ; s’il triomphe, son succès sera le sien. La tâche est ardue, mais espérons qu’il réussisse.
Mais au cas où, mettez-vous à couvert. ¡Socorro…!