logo

Nos indépendances

«La chronique n’est pas seulement le commentaire de l’actualité mais aussi commentaire du temps. Un peu la prétention reconvertie de la philosophie. S’y ajoute, à l’analyse du fait, la résonance des lectures et des interrogations, de la littérature, du brassage profond entre le fait et le sens. En Algérie, l’accaparation des éléments est tragique : les islamistes ont dérobé le ciel et vous en interdisent l’accès sauf avec leur métaphysique et leurs dogmes ou leurs attentats. La terre est la propriété du régime, ses apparatchiks, martyrs, cimetières, anniversaires et dates. Reste le feu à écrire, ou l’eau de la mer à traverser. Résumé très vite. La chronique permet donc cette réflexion ouverte, publique sur le sens face à des voleurs d’existence : ces dictatures molles et ces nouveaux fascismes à visages de verset et d’intolérance de la vie.»

Ces lignes sont de l’écrivain algérien Kamel Daoud.

Les éditions Actes Sud ont eu l’excellente idée de publier en ce début 2017 quelques unes des chroniques que l’écrivain a publié dans Le Quotidien d’Oran entre 2010 et 2016 (*).

Le courage qu’il faut à Daoud pour publier ses textes, coincé entre l’armée et les barbus, ne peut évidemment faire l’objet d’aucun parallèle avec la chronique taurines, avec ce qu’elle fut, ce qu’il en reste. Des décombres.

Le lundi de Pâque, à Arles, est sortie une corrida de Pedraza de Yeltes piquée comme une corrida concours -avec un seul cheval en piste- et fêtée comme une sommet ganadero, alors qu’elle fut simplement correcte, plutôt brave, mais manquant bien trop de forces pour être autre chose qu’une excellente corrida commerciale, le genre de course propice que ne devraient pas s’éviter les pseudos figuras.

Il n’y a aucun parallèle à faire mais je me demande bien qui sont ces voleurs d’existence, d’afición et de repères pour nous faire prendre à ce point des vessies pour des lanternes ?

Notre feria pascale n’en demeurera pas moins mémorable…

Les photographies sont de Claire Florenzano

(*) Kamel Daoud – Mes indépendances – Editions Actes Sud. 2017

fb-claire

  1. Anne-Marie Répondre
    Que ce soit, ailleurs ou ici, on nous vole tout. Et à Nîmes, ce sera comme à Arles. Peut-être même pire. Mais il faut y aller.

Laisser un commentaire

*

captcha *