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Le candidat du système

claireLe fameux candidat des médias, le voilà ! Dimanche matin, sur l’exemplaire gratuit de La Provence distribué aux arènes c’est à Enrique Ponce que l’on prépare le terrain pour le soir. Et Henri de s’en donner à coeur joie : défense de l’indultite aigüe de notre temps, élaboration de son projet taurin avec orchestre symphonique « qui fera pleurer d’émotion » dans le (mauvais) goût de sa parodie Istréenne, poncif favori des toreros sur l’avantage théorique (la ventaja) de se croiser ou encore couplet sur « le toro d’aujourd’hui plus exigeant, plus bravo que jamais, qui tombent moins (certes…) et bouge plus (prends-moi pour une brocoli !) ». Perchés tout là-haut, nous préférions en rire, achevés par la citation suivante : « pour être torero, il faut avoir l’air d’un torero. Tu ne peux pas être torero si tu marches comme un défenseur central du Real Madrid. Ce sont des détails importants, car c’est précisément dans ces détails qu’on est ou pas un grand torero. Souvent, la grandeur est dans les petits détails. Personnellement, je n’ai jamais eu à me forcer, cette attitude a toujours été naturelle chez moi. »
En page 4, le publireportage (?) vendait les toros de Juan Pedro de retour après 25 ans à Arles et traitait de l’application à « préserver leur commodité », n’allez pas chercher plus loin pourquoi nous finîmes par boire.
Comme prévu, les toros de Juan Pedro apportèrent en piste toute la soseria que l’on était en droit d’attendre d’eux, les échos de la veille rapportent qu’il en fut de même pour la course de Garcia Jimenez, même sang, voie en face…

Lundi, la feria s’achevait avec une entrée confidentielle pour un cartel à pas cher constituant une corrida spéciale. Pour l’occasion, bien que la course n’avait rien d’une concours (en dehors du prix Toni Morales pour le meilleur picador), la zone des piques avait changé par rapport aux deux courses précédentes, glissant de l’ombre de la tour à mi-ovale à la porte des cuadrillas, à la pointe opposée au toril. Le secret de polichinelle de l’absence totale d’importance accordée au premier tiers lors des courses commerciales apparaissait au grand jour à la faveur d’un mensonge soigneusement déguisé : la course de Pedraza de Yeltes, en dépit des demandes de vueltas et du salut final du mayoral ne fut rien d’autre qu’une digne corrida commerciale avec des Domecq (origine El Pilar) mobiles et plus solides que leurs cousins des deux jours précédents, allant au cheval sans toujours être véritablement piqués (à l’exception notable du 4 qui prit trois rations le laissant décomposé au troisième tiers). Fandino, au prix de deux longues faenas coupa deux fois une oreille sans rien laisser d’autre sur la rétine qu’un peu d’engagement à l’épée. Morenito de Aranda, bof et Roman pas mieux. Ils coupèrent vraisemblablement des trucs qui leur permettront d’aller chasser le prochain contrat.
Les sites taurins traitant de la tauromachie ainsi que d’autres le font du foot et de ses coulisses s’empressèrent de publier la bonne nouvelle : du triomphe, des toros… Le public s’y laisse vaguement prendre parfois et souvent se prend de lassitude.

Telle fut notre feria de Pâques, mémorable en dehors des arènes, désespérante de convenance et à mille autres pareilles sur les gradins.

Photographie de Claire Florenzano.

  1. Anne-Marie Répondre
    Comme dirait mon mari : ils nous prennent pour des jambons ! Mais que faire ? Déserter les arènes ? Non, cela ferait trop plaisir à trop de monde.

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