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Le mystère de Comeuñas

Dimanche 04 juin juin 2017 – Madrid
6 toros de Cuadri (encaste propre) pour Fernando Robleño, Javier Castaño et Manolo Venegas.


madridcuadriDe l’apparition du premier toraco à celle du dernier passé dimanche par le sable de Las Ventas, s’est déroulé sous nos yeux un de ces mystères moyen-âgeux, où le respect le disputait au doute et à la foi. Pas une charge tout au long de l’après-midi qui n’ait inspiré la crainte des piétons, malgré bien peu de poder ni, souvent, de réelles mauvaises intentions. Une course dure donc, mais en creux.

Comme l’impression laissée par cette estampe de sixième toro au cheval, ne montrant a priori aucune envie, mais moults fléchissements qui ont provoqué une de ces broncas vertes et sonores dont Las Ventas a le secret. Et comme au premier toro, un Président inflexible qui refuse le changement… cette fois-ci à juste titre. Sans envie au cheval disais-je… autant que l’on puisse en juger au-delà de cette maudite faiblesse invalidante qui semble planer au-dessus de la camada depuis plusieurs années, du fait d’une lidia désastreuse. Ce fut le cas tout au long de la course, à l’exception relative de celle de Pedro Iturralde au second toro, le seul à avoir déplacé la place forte, mais la tête haute.

S’en suivit une nouvelle débandade aux banderilles — qu’il est triste de voir David Adalid sécher ainsi — qui fit enfler la colère des gradins, l’animal s’étant affalé une fois de plus en tentant d’accrocher, sans se livrer le moins du monde, Curro Vivas sur sa corne gauche.
Et là, Venegas dont on attendait pas cela au vu du manque de recours dont il fit montre avec son premier opposant, ramène le calme sans ambages, en revenant avec modestie aux fondamentaux. Derechazos appliqués, naturelles qu’il finira par donner de face, une à une, à courte distance, et le mystère sous nos yeux culmine. ‘Embustero’, que l’on vouait quelques instants auparavant aux gémonies du mouchoir vert, se révèle passionnant dans la muleta, d’une grande fiereza, sans jamais délivrer une charge insipide. Aucun de ses cinq congénères n’aura d’ailleurs laissé ce sentiment à aucun moment, malgré divers degrés de faiblesse, de mansedumbre voire même de manque de caste. Quoique cette question fasse partie intégrante du mystère, du fait d’une lidia défaillante et d’un poder évanoui on ne sait où. Car bon sang, que les vaquillas de Cabecilla Pelá sont fortes !

On se dit alors que Venegas, qui s’est rapproché des planches, va monter l’épée et entrer a matar du mieux qu’il le peut, apportant ainsi un digne épilogue au combat. Las, le garçon n’a pas les idées claires et manque manifestement de respect pour son opposant, en tentant aussi laidement que de manière totalement déplacée, quelque bernardina d’arène portative… à un Cuadri con toda la barba. Le garçon dut-il sa survie à l’aspect acapachado typique des armures de la maison, qui limita l’impressionnant incident à quelque côte cassée ? Toujours est-il qu’il tua fort mal, d’un bajonazo façon 20.000 lieues sous les mers, à la merci de sa propre douleur.

La tragédie est la forme typique du mystère. Elle nous oblige au mystère. Tout ceci est resté, heureusement en l’occurrence, latent.

Et pour ce qui est d’obliger, de mander, Javier Castaño fut aux abonnés absents toute l’après-midi. Ce qu’il faillit subir de la part des pensionnaires de Comeuñas qui lui échurent fut la plupart du temps le fruit des leçons qu’il leur avait lui-même gracieusement offertes au préalable. Malheureusement pour lui, ils furent du genre à apprendre vite. On est là bien loin, malgré faiblesse et caste parfois intermittente, des légions d’animaux stupides et fades que l’on voit défiler à longueur de temporada.
En guise d’envoi, un voisin de tendido fort peu amène, lui susurra perfidement qu’il ferait mieux, et je cite : « de prendre sa retraite, pour rester tranquillement chez lui à grignoter des pipas sur le canapé avec bobonne »…

Le mystère restait entier, comme il le fut dès le premier toro, dont l’envie était palpable et prometteuse, malgré son invalidité. Un Fernando Robleño empressé n’en tira rien, même s’il fit l’effort ensuite avec un toro bien moins intéressant, et qu’il enferma dans les terrains du 3 et du 4.

Fernando Sánchez salua deux fois, après une après-midi fort digne, sans avoir pu, lui non plus, cuajer de verdad l’un de ces mystères de Comeuñas.

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