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Les larmes noires

airejuin2017Les veuves sont atrocement belles quand elles pleurent. D’elles coulent des larmes noires qui sont les plus mystérieuses qui soient. Des perles qu’elles souhaitent en silence ne jamais porter mais elles les portent. Et sont sublimes. Je les hais tous. Non, je ne les hais pas. Si ! Non ! Leurs gueules balafrées de vivants. Pourquoi eux non ? Je pourrais les griffer. Ils devraient mourir aussi. Eux ! Et tous ces toros. Je les hais ! Non ! Mes « reviens », mes « amor » c’est d’eux qu’ils me venaient. « Dan y quitan ». Puta mierda ! Je veux rentrer maintenant. Là où tu n’es plus, là où tu ne seras plus même si je te porte entre mes bras. Et je voudrais mon souffle sur ton souffle. Et si je souffle, tu disparais.
Les veuves sont belles quand elles pleurent. Toute l’humanité est là. Dans la contemplation d’une beauté qu’accouchent la souffrance et le déchirement.
Toute la corrida est là. Dans cette photographie où le toro n’est pas. Mais il est là, partout sur cette image qui trompe et nous trahit. Il est dans l’oeil de Del Àlamo qui tourne le dos au corps écorché d’Iván Fandiño. Il est dans Iván Fandiño qui a une veuve, déjà. Il est dans son visage gris. Il est dans les monteras noires. Il est dans les gradins, la contre-piste. Il est partout. Oppressant.
Il est dans le frisson de Cayetana. À cet instant précis où elle devient atrocement belle et pleure des larmes noires. Les plus mystérieuses qui soient.

  1. Anne-Marie Répondre
    Nous sommes toutes belles. Leurs femmes, leurs aficionadas. Mais il ne faut pas pleurer face à la mort. Il faut être : Dignes. Fières. Courageuses. Comme eux. Et ce ne sont pas des mots. Quand on vit la mort d'un être cher. La mort est une plaie à fermer seules. Et le Toro est toujours là. Ou quelqu'un d'autre. Disparaît l'être aimé.

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