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Le réel, ça tape

Jacques Durand dans sa page éditée par l’Atelier BAIE évoque évidemment la disparition d’Ivan Fandiño et nous autorise à le partager ici…

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On ne fera pas le Xième rappel de la carrière de Fandiño. On ne brodera pas sur « le dernier torero basque ».
On ne convoquera pas le thème malheureusement vivace de «la tragédie des toros». On n’exhibera pas le cadavre d’Ivan Fandiño pour l’opposer aux lamentables contrevérités des anti-corridas et à l’ignominie de leurs réactions. On ne puisera pas dans la statistique pour donner une apparence d’inventaire raisonné à ce geste déraisonnable qui consiste à affronter un toro. On n’ira pas à la recherche de signes prémonitoires. On ne racontera pas d’histoire. On foutra la paix à la fatalité et au c’était écrit. On dira que ça peut arriver n’importe où, à n’importe quel torero, n’importe quand, devant n’importe quel toro.
On soutiendra comme Antonio Trevijano que la corrida n’est pas du tout la métaphore d’autre chose mais qu’elle est du pur réel et que, donc, le réel, ça tape. On n’écrira pas que Fandiño était le meilleur de tous, ce qu’il n’était pas ou pas encore. On n’écrira pas non plus qu’il était un torero de plus, ce qu’il n’était pas non plus.
On ne l’opposera pas, par détestable démagogie, aux figuras.

On dira seulement que, le samedi 17 juin à Aire-sur-Adour, lors d’un quite, l’ex-pelotari Ivan Fandiño qui se sentait proche du personnage de Rocky Balboa s’est fait encorner dans le poumon et le rein, 15 cm, par Provechito, numéro 53, un toro de Baltasar Ibán né en octobre 2011 et qu’il est mort à l’hôpital de Mont-de-Marsan après deux arrêts cardiaques. Lorsqu’on l’emportait à l’infirmerie d’Aire il a pu juste dire au matador Thomas Dufau « qu’on se dépêche parce que je suis en train de mourir ». On précisera que c’était la première fois qu’il toréait à Aire, qu’il avait coupé l’oreille de son premier toro, qu’il l’avait offert au public et que sa montera était tombé à l’endroit. On ajoutera que Provechito était le premier adversaire de Juan del Alamo et que, avec sa corne gauche il a attrapé Fandiño lors de sa deuxième chicuelina, qu’il l’a fait tomber, qu’il l’a repris à terre. On ajoutera aussi que Provechito ça peut se traduire par petit profit ou petit bénéfice.

Jacques Durand.

  1. Bernard Lamarque Répondre
    Parfaitement bien vu Jacques DURAND. Pour les simples névrosés que nous sommes, que je suis, le réel ça tape; on s'y cogne et recogne tous les jours, toute une vie; parfois même on n'en dort pas la nuit. Nuit blanche.

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