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Du côté du Canigou

agruirrenLe samedi 15 juillet 2017, depuis le grill en béton des arènes de Céret, l’afición a pu voir défiler une novillada de Raso de Portillo, dure, encastée et allant « a más » tant au niveau trapío que du comportement. Elle fut aussi l’occasion de s’émouvoir face à l’engagement de Maxime Solera qui faisait ici son troisième paseo en novillada piquée. C’est très peu pour affronter ce genre de bétail qui ne pardonne guère. Mais le gamin, malgré une technique forcément en rodage, fit face et de la plus respectable des manières. Croisé, supportant les charges sans broncher au risque de se faire accrocher, ne cédant jamais, ni à la panique ni à la tempête. Une tête froide. Une émotion, celle d’un véritable novillero et d’un engagement total.
Nous frôlâmes le drame avec García Navarrete, qui, sur un moment d’inattention, se fit prendre par son novillo d’une effrayante  manière. On pouvait craindre le pire et il n’en fut heureusement rien.
Moment de silence, instants pesants.
C’est alors que des gradins s’éleva un cri accusant clairement l’ADAC d’être responsable d’un drame.
S’en suivit, comme souvent dans ces cas-là, une polémique sur les réseaux sociaux et ailleurs où l’on apprit que le novillo était trop fort, et même qu’il dépareillait le lot (sic).
Depuis quand la difficulté ou la dangerosité que présente un toro de combat est-elle liée à son poids ou à son volume ? Il me semblait plutôt que les complications et donc le danger venaient de la caste, de la sauvagerie, du genio ou du sentido. Mais des kilos… A moins qu’Alzheimer ne me guette, je ne vois pas. Le toro a du trapío ou n’en a pas.
Polémique stérile comme bien souvent mais qui n’est pas une nouveauté. En 1995, pour la Saint Ferréol, l’ADAC, encore elle, (salauds !) avait fait sortir dans ce ruedo minuscule (salauds !!) une novillada absolument terrifiante de Dolores Aguirre Ybarra. Terrible de comportement et d’un trapío bien supérieur à celui ces Raso 2017.
Je me souviens avoir évoqué la veille de la course la question avec Jean-Louis Fourquet qui m’avait répondu, malicieux : lorsque nous allons au campo choisir les toros les poids ne sont pas affichés dans les arbres.
Les temps ne changent guère.
Cette après-midi est restée dans les souvenirs, gravée, inoubliable. Elle est une des courses emblématiques qui ont fait la légende de Céret. Elle fut l’occasion pour deux photographes, Antoine Mateos et Michel Volle, de réaliser deux clichés quasiment identiques d’un cheval sur le point de basculer dans le callejon. C’est la photographie d’Antoine qui fit la couverture de la revue Toros. Celle de Michel fera une affiche pour l’ADAC.
Quelques jours plus tard, à Madrid, nous avons évoqué cette course avec un de ses protagonistes : Rafael González. Nous avions été étonnés de la tranquillité avec laquelle il évoquait ces instants. Il faut dire que Rafa était déjà un habitué des novilladas de la vallée du Tiétar.

Dans un post à venir nous vous offrirons la chronique de Pierre Dupuy publiée à l’époque dans la revue Toros. Un bonheur.

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