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Cornes

claire_ceret«La colère est aussi exaltante et vertigineuse que la volupté» (Pascal Quignard)

Disons-le tout net. Si la corrida de Miura et ses cornes honteuses sortie à Céret le 14 juillet 2017 avait été présentée par Simon Casas l’afición troglodyte en aurait fait deux posts par jour pendant six mois. J’exagère évidemment, car nous ne l’avons pas fait après ce qui s’est passé à Nîmes entre Miura et le Juli.
Ce 14 juillet à Céret, à la sortie de la course l’ambiance était au mieux morose, le plus souvent colérique. Il y avait de quoi.
Cet hiver déjà l’annonce de Miura pour cet anniversaire avait franchement étonné. L’élevage n’est plus que l’ombre de ce qu’il fut et depuis longtemps. Il n’a aucune histoire particulière avec Céret pour que sa programmation fasse sens. En 2017 le fait que Miura soit programmé dans toutes les grandes arènes avait de quoi laisser dubitatif sur ce qu’il allait bien pouvoir rester pour la catalogne. Ce n’était donc pas animés d’un fol espoir que nous nous sommes rendus aux arènes. Mais à ce point…
Après la constatation du désastre, nous étions un peu comme après un crash d’avion à nous demander s’il s’agissait d’une défaillance humaine, d’un problème technique ou d’une cause magique. Comme souvent dans ces cas-là, probablement un enchainement d’évènements imprévus qui mis bout à bout vous mènent à la catastrophe.
Donc au départ un choix incompréhensible. Une annonce inepte au micro pour annoncer que par souci de transparence on informait avant de ce que nous allions voir après alors que cette course n’aurait dû quitter les corrals que pour remonter dans son camion et repartir d’où elle était venue. Et un éleveur tout de même récidiviste qui ne manquera pas on l’imagine d’invoquer la génétique.

Ceci posé il ne fait pas le moindre doute que l’adac malgré des maladresses incroyables et un choix initial contestable est tout autant victime que nous. L’organisation catalane œuvre depuis trente ans pour la satisfaction de l’aficion torista et nous savons comment.
Alors oui, Céret n’est pas Nîmes et l’appréhension des choses en est toute différente. Qui peut imaginer une demi-seconde Bernard Raviglione fermer les yeux ou dire amen à pareille gabegie ? Personne de sensé évidemment, et encore moins ceux qui depuis trente ans font le déplacement.

Dans le même ordre de mésaventure il nous faut ici évoquer également Boujan. Une arène beaucoup plus modeste, neuve, et qui n’a donc ni le poids ni l’histoire de Céret.
Néanmoins Michel Bouisserin se bat depuis maintenant trois ans pour proposer dans cette improbable portative (on est ici à deux pas de Béziers !) des élevages réputés difficiles que l’on peut croiser à Vic, Céret, Parentis, Roquefort et quelques arènes qui résistent encore au modernisme et la normalité.

En 2017 ce sont les fers de Dolores Aguirre et de Los Manos qui nous ont fait nous déplacer, parfois de très loin. Comme toujours en matière taurine l’attente et l’espoir génèrent quasi immanquablement la déception et Boujan sur Libron n’échappa hélas pas à la règle. Sinon ce serait trop facile.
Seule la novillada sans picadors digne de la grande époque de la vallée de la terreur restera dans les mémoires, ou les cauchemars c’est selon. Notamment par la maitrise d’un El Rafi, déjà bien aguerri et étonnant de savoir-faire et même parfois de trop de facilité. Mais nous n’allons pas à ce stade le lui reprocher.

L’accident d’avion, ou plutôt de cornes ce fut ici pour la course de Los Maños. Il sortit à Boujan sur Libron une novillada suspecte d’afeitado.
Comme nous n’avons pas de preuve et que nous sommes distingués et pas toujours borderline nous emploierons l’expression classique de douteuse. Mais ce n’était vraiment pas beau, notamment pour deux d’entre eux. Et le simple fait d’en parler est déjà une déroute.
Les organisateurs dépités étaient furieux de ne pas être allés surveiller l’embarquement du le bétail comme ils le firent pour les Aguirre. Quelle erreur ! Impardonnable à ce stade même si la mésaventure leur servira de leçon.
Il se dit aussi que le crime supposé serait de la responsabilité d’un puissant apoderado. Supputations. Au mieux pouvons-nous nous demander : à qui profite le crime ?

Ici comme à Céret qui peut imaginer que les responsables qui basent justement leur politique sur le sérieux du bétail avaient intérêt ou étaient assez stupides pour laisser perpétrer pareilles manipulations ?

Ce sont des aficionados qui organisent, pour d’autres aficionados, dans un esprit parfaitement défini. Alors, clairement, le sentiment après ces deux « accidents » est qu’ils ont été tous deux victimes des comportements malfaisants du taurinisme professionnel. Cette tauromafia que dénonçait Alfonso Navalón.

La photographie qui illustre est de Claire Florenzano. Céret 2017

  1. martignon Répondre
    Miuras de Céret = : un énorme scandale, une honte, une humiliation pour l'ADAC et les aficionados présents et un très gros foutage de gueule de la part du ganadéro.

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