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Vent frais venu d’Aragon

Jeudi 20 juillet 2017 – Valencia
6 novillos de Los Maños 1. ‘Aviador’, n°30, 480 kgs, 2. ‘Bonito’, n°70, 433 kgs, 3. ‘Quejoso’, n°48, 478 kgs, 4. ‘Pastor’, n°45, 442 kgs, 5. ‘Matón’, n°71, 467 kgs, 6. ‘Secretario’, n°54, 503 kgs pour Jesús Chover, Ángel Sánchez et Jorge Isiegas.


En contemplant le visage incrédule de Jorge Isiegas alors qu’on emmenait prestement son compagnon Jesús Chover vers l’infirmerie, j’ai lâché un juron, de ceux que l’on accompagne habituellement d’un sifflement et de ce mouvement répété du revers de la main. La traduction des situations clairement mal engagées. Le novillero valencien vient de prendre vingt centimètres de corne dans l’avant-bras, cueilli comme une fleur par un pensionnaire de Los Maños alors qu’il entamait sa faena à genoux au centre de la piste des arènes de Valencia. Possible excès de confiance dans une après midi remarquable où primaient son attitude et sa motivation pour faire bonne figure devant son public. Preuve en est qu’il accueillit ses deux premiers adversaires à porta gayola. On ne pourra pourtant pas taxer l’apprenti torero de débutant inexpérimenté puisque Jesús Chover, fort de ses sept années de novillero avec picadors fait certainement parti des vétérans dans le panorama novilleril actuel. Comme quoi…

Un peu plus tôt, Ángel Sánchez construisait une faena intéressante, esthétique, ponctuée d’une bonne série de passes jaillies de sa main gauche. Temple, profondeur et muleta basse que poursuit avidement le bon exemplaire de Los Maños. Le novillero monta l’épée dans l’espoir de couronner cette bonne faena mais toucha l’os par deux fois. A sa troisième tentative, il se lança droit et déterminé et se fit accrocher sèchement à la cuisse droite, termina au sol après une spectaculaire voltereta et un second décollage sur les cornes du novillo. La couleur de la taleguilla ne fait aucun doute sur l’ampleur de la blessure et le novillero est rapidement évacué vers l’infirmerie. Ángel Sánchez s’est formé à l’encaste Santa Coloma et, par-dessus le marché, est un amateur déclaré de ce type de toros. Il a démontré cette année à Madrid son bagage technique et son toreo de bonne facture en passant tout près de couper les oreilles d’une novillada de La Quinta. Comme quoi…

Continuons avec la première partie de la novillada de Los Maños et l’aragonais Jorge Isiegas, troisième épée et le moins aguerri des novilleros de l’après-midi. Après une faena précautionneuse sans jamais montrer un réel engagement et en utilisant l’allonge de ses bras pour mieux catapulter son adversaire le plus loin possible, le novillero entame un véritable cauchemar avec l’épée et enchaine une liste incalculable de pinchazos à transformer le novillo en passoire. Au premier avis l’exemplaire de Los Maños tient bon la bouche fermée. Les minutes passent et à chaque assaut infructueux pour occire l’animal et libérer le spectateur de ce pénible spectacle, Isiegas prit de panique perd la contenance et se précipite vers le burladero comme manso au toril. La trouille… Deuxième avis. Finalement, à la énième tentative, l’épée rentre enfin mais avant de pouvoir asséner le coup de grâce, le troisième avis retentit. Sonné et la mine défaite, le jeune novillero marcha vers son burladero tel un cancre puni rejoint le coin de la classe.

Résumons rapidement ce début de course : ovation, cornada, trois avis, cornada. Et le novillero des trois avis chargé d’expédier le reste du bétail. Bad trip scenario. Devant cette situation au dénouement incertain le spectateur effrayé pourrait manifester et implorer clémence pour tenter de sauver le novillero du contrat qui l’engage à tuer la course et vilipender les responsables d’une telle hécatombe. Alors que l’aficionado se souviendra de l’héroïque Valentín Mingo rompu à la fin de son combat à Madrid le 7 septembre 2008 où après la blessure de ses deux compagnons de cartel, il tua cinq novillos de Moreno de Silva, écouta trois avis à l’un de ses toros et coupa une oreille. Regardons donc le verre à moitié plein et disons-nous qu’un apprenti torero qui comme tous les novilleros rêve de devenir figura, ne peut laisser s’échapper la possibilité de tuer quatre novillos et triompher dans une arène comme Valencia.

Seul le deuxième scénario est honorable et c’est le choix que fit Isiegas au grand plaisir du public. Malheureusement avec le toreo superficiel et précautionneux que nous avions goûté au troisième novillo, mais avec l’indulgence et la reconnaissance de l’aficionado pour l’effort réalisé. À la faveur d’Isiegas, sa confiance et ses faenas se sont améliorées au fil des combats et il décrocha l’oreille du cinquième après une bonne estocade. Il dessina également de belles naturelles face au sixième qui lui auraient certainement permis d’ouvrir la grande porte s’il n’avait pas de nouveau touché l’os avec l’acier.

Et le bétail dans tout ça… Trois avis, deux novilleros aguerris à l’infirmerie, on peut s’imaginer un Vietnam cárdeno, avec des novillos gigantesques et armés comme des Panzers et plus méchants qu’une légion de teignes. Et bien non. La corrida était correctement présentée sans exagération avec les armures intègres et modestes conformes à son encaste, et même commodes pour ce qui est du sixième. Une novillada pas spécialement brave au cheval avec seulement deux toros qui poussèrent à la première pique mais qui désistèrent à la deuxième. A leur décharge, tous ont été horriblement piqués absolument partout où ne doit pas tomber une pique. Mais ils possédaient le fond nécessaire, de la noblesse et surtout la caste qui demande une attention de tout instant, donne de l’importance à la prestation des piétons et revigore l’afición.

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