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Toros en Le Caire

C’est acquis. Le tatouage est l’avenir de la justification de la fiesta. Dans les milieux autorisés on parle même d’un jumelage entre Vieux Boucau et le Caire.
Larrieu de son côté s’est penché sur le tatouage égyptien de 3.300 ans et il est formel. C’est un Miura. Je ne jurerai de rien. Personnellement j’y vois plutôt une girafe et un lézard. Et puis je me méfie d’un type qui arrive d’une contrée tellement reculée que les types y bouffent des piafs avec un drap sur la tête.
En attendant, une chose est certaine, le tatouage est l’avenir de la fiesta et même son présent. Il serait bien qu’une empresa nous fasse un affiche avec le Miura de la momie Egyptienne. Pour le coup on ne devrait pas trop se poser la question des droits d’auteur.

En attendant un petit conseil de lecture : Les combarelles de Michel Jullien. C’est édité aux éditions l’Equarquillé. Je vous en offre un petit extrait dans lequel vous verrez que art parietal et tatouage ne font qu’un. Si c’est pas un signe ça. Enjoy.

J’avais faim, j’avisai en sortant le premier commerce, une boulangerie. Il faisait chaud, chacun était courtement vêtu, plus chaud encore derrière la caisse, près des fours à pains, si bien que l’on voyait beaucoup de la boulangère de Bercy, épaules et bras nus, son buste en partie découvert, sans nudité ostentatoire. J’attendais mon tour, l’esprit plein de ma lecture, Jean Brot ; ceux du Magdalénien aimaient jouer du modelé des parois. Ici l’arête d’une fissure dessine une encolure, là les cannelures calcaires évoquent les filasses laineuses d’un bouquetin ou encore, une dépression naturelle, oblongue, a permis d’y inscrire la silhouette d’un bison. Première, la forme minérale donna l’idée seconde de l’animal, le bison s’encastre dans sa baignoire pariétale, il ne fut pas besoin d’en tracer le contour. Il en est un à Rouffignac, son corps louché dans un volume concave, le relief en négatif. Le guide des lieux fit station devant lui. Il l’éclaira d’abord un peu vivement, à la torche. Nous découvrîmes le bovidé cornu, sur pattes, bien en place mais déformé, enfoncé dans sa niche. Alors le guide s’accroupit, changea sa torche pour un briquet – la chandelle de Bachelard -, l’avança près du mur.
Cela rendit une ombre portée, la bête prit du volume, du paleron, du rachis, partout des jeux de bosses, épaules bouleuses. Sous nos yeux, de concave, il se fit convexe, plein d’un drame orageux.
Ainsi donc dans le train, j’avais lu sur ces sujets. Vint mon tour à la boulangerie. En levant la tête, je m’avisais que la vendeuse avait le haut du corps couvert de tatouages dont plusieurs, à l’évidence, reprenaient les reliefs de sa morphologie. Elle portait aux épaules deux papillons déployés, les ailes jouant du moulage comme s’ils volaient ; je reconnus un serpent le long d’une clavicule, fin, du diamètre de l’os et, sur l’un des bras, le corps d’un poisson tirant sa forme du muscle supinateur. Tout un programme formel comme il s’en trouve au gré des accidents pariétaux… Je payai ma pâtisserie. Les grottes ont leur durée, elles sont pour longtemps dans l’inscription murale comme l’est un tatouage sur la peau à l’échelle d’une vie. Il se fripera, vieillira mais demeurera. La boulangère de Bercy me rendit la monnaie, les bras couverts de figurations.

  1. JLB Répondre
    "Le tatouage est l'avenir de la Fiesta" : vous ne croyez pas si bien dire ! A Séville, il y a une semaine, sous la pluie battante ( bendita agua) qui tambourinait sur le store du bar "El D'Oro" calle Adriano, j'avais commandé un cortado. Le serveur m'amena un café recouvert d'une fine mousse sur laquelle était dessinée (tatouée !) la tête d'un toro bravo. Le patron (un copain) me révéla le secret : avec un cure-dent il travaille la mousse et le café liquide en-dessous, jusqu'à obtenir le dessin voulu. - Il a fait les beaux-arts, non, ton serveur ? - Que noooo ! Tu sais bien qu'ici on aime soigner la crème de notre aficion ! Et c'est vrai qu'à la terrasse du D'Oro, surtout le matin avant et après le sorteo, on trouve la crème de la Maestranza, le petit personnel et jadis Eduardo Canorea en tenue de biker. Alors désormais, exigez un café tatoué. What else ?

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