Sous les enluminures Art Déco du hall de l’Hôtel Splendid, un britannique fin bourré s’adosse à un pilier. Le salon est bruyant, les verres de sangria facturés 4 euros pièce. Des arènes toutes proches commencent à arriver les premiers spectateurs assoiffés. Entre deux averses, à l’ombre des grands tilleuls du parc et dans la moiteur des bords de l’Adour, ils ont eu jusqu’au soir et au fond de la gorge le goût de cendres du jour d’après.
Pour beaucoup ce fut un apprentissage, et celui-ci est sévère. Les « indultos », on en sort comme du bordel. D’une démarche hésitante, honteux sans oser l’avouer. Le genre de moments, dans l’aube grisâtre, où l’on préfère ne croiser personne et surtout pas une connaissance. Abrupte redescente…
Le retour sur terre, après la transe collective et l’hallucination des foules, nécessite une transition inévitable. À cet égard, les Pedraza de Yeltes furent hier à Dax absolument idoines. Noblotes, sans réelle force mais répondant aux sollicitations, sans trapío mais venant parfois de loin à la pique (y mettant les reins d’ailleurs), ouvrant souvent la bouche mais répétant leurs charges jusqu’au bout de faenas biscornues, profilées, dont la sophistication inutile s’est parfois faite passer pour la vérité incarnée…
Evidemment, on coupe des oreilles (3). On fait également faire une vuelta à ‘Holandero’, sorti en cinquième position et il faut l’admettre le meilleur taureau du jour. On agite docilement les mouchoirs que des gosses en rouge et blanc distribuent au pied des escaliers. Pas une seule épée recta de l’après-midi (sans parler de l’infâme bajonazo infligé par Emilio de Justo au dernier), mais tout ceci n’est que détail d’enquiquineur…
On veut « en avoir pour son foutre », quoi qu’il en soit, en dépit de la médiocrité étale, du non-toro habituel certifié conforme à défaut d’être certifié limpio. Et si besoin est, on ira même à la « goyesque » de Bayonne mercredi soir…
Dax…Pedraza… Cette relation charnelle entretenue depuis cinq ans commence lentement à se conjuguer au passé.