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Love story

Lundi 22 avril 2019 — Mugron (Landes)
6 novillos de Baltasar Ibán pour Francisco de Manuel, Dorian Canton et Yon Lamothe.


– Je vais me marier ! Le 7 août, jour de mon anniversaire.
– Fichtre… eh ben écoute…

Je suis resté muet quelques secondes. Elle a annoncé ça au moment où s’éteignait le second novillo de Baltasar Ibán, un grand machin laid et fin, anorexique et blessé sur le flanc arrière gauche d’un trou d’où coulait du sang frais. Je n’y ai vu aucun présage… pour le mariage s’entend. Elle aurait pu choisir un moment plus enclin aux effusions de joie attendues en ce genre de déclaration mais non, elle avait balancé ça au terme d’un ennui qui avait l’intention de s’incruster. Les deux premiers novillos de Ibán n’avaient pas transmis grand-chose sur les gradins des arènes de Mugron, un peu de vice et quelques défauts pour le deuxième imprésentable donc, et les deux novilleros (Francisco de Manuel et Dorian Canton) s’étaient hissés au niveau de leur opposant et même au-delà dans la démonstration d’un toreo insipide digne d’une photocopieuse. 

J’ai jeté un regard furtif à son père pour tenter de cerner la manière dont les parents avaient reçu la nouvelle. Elle était fraîche je n’en doutais pas car il m’étonnait qu’aucun des deux pères que je fréquentais, malgré leur origine béarnaise, ne m’eût entretenu de l’affaire. Et dans l’oeil noir du papa de la future épouse tout ne semblait pas gagné pour les amoureux avant ce 7 août, jour de la Saint Gaétan dont on peut écrire qu’elle ne présage rien de spécial ni en bien ni en mal. Connaissant l’animal, je ne me suis pas inquiété outre mesure : il cèderait de toute façon à sa fille et à sa force de volonté. Elle faisait tout et ferait tout pour devenir l’épouse de son amour de toujours.
– Papa m’a dit qu’il accepterait que quand j’aurai le permis… alors je m’entraîne pour passer le permis.
– ???
– Oui, elle s’entraîne…

D’un geste qui traduisait des mois d’une lutte vaine contre une entreprise folle à ses yeux, le père avait sorti la carte ultime du permis de conduire pour faire reculer la prunelle de ses yeux. Tu dois avoir ton permis ! C’est con mais les derniers recours sont souvent assez cons. Allez savoir pourquoi mais à ce moment précis j’ai pensé aux parents de Yon Lamothe qui, eux, n’ont pas réussi à dissuader leur enfant de se mettre devant des toros. Pour sa première novillada piquée, et malgré l’hypocrisie triomphaliste du public tout entier acquis à sa cause (une oreille et une oreille), la route se dessine aussi brumeuse que les fumées qui s’échappent de l’usine de Tartas qui a vu grandir le jeune apprenti tant le bagage technique actuel est chiche et la torería intrinsèque extrêmement discrète. Mais l’amour est aveugle et Lina le sent elle aussi qui a décidé d’apprendre à conduire pour être prête le 7 août et épouser son Thibaut.

Au terme de trois heures de pipas et de cacahuètes, de six novillos sans postérité aucune, disparates de présentation (euphémisme pour certains d’entre eux) et pour certains douteux de cornes, il a fallu ranger Ken et Barbie que Lina préférait avec les cheveux détachés et lisses. Sa robe pour le 7 août est prête, elle l’a achetée à Disneyland, c’est la même que la princesse Yasmine. Lina et Thibaut ont 5 ou 6 ans, ils s’aiment.

  1. Monet Répondre
    Trop sévère critique, de notre jeune landais ,dont les petites fautes et la trop grande taille donnent une impression de maladresse . Il est passé au révélateur de cette «  course  avisée » , trouvant sitio et rythme avec méthode ce qui ne fut pas le cas de ses acolytes . Ceci n en fait pas un futur maestro, la route sera longue mais le bagage technique et le sang froid sont d’ors et déjà bien présents .
    • FRIZZI christian Répondre
      Cher Monsieur Larrieu, je suis entièrement de votre avis pour ce qui concerne la course elle même, et honnêtement on se demande comment Dorian Canton peut passer l'alternative au niveau ou il est...? Quand à Yon Lamothe qui a savamment esquivé la corne gauche de son premier, à peine une série, il a de beaux gestes mais confond (Déjà) sic toréer le public et toréer le toro. Les mauvais triomphes n'aident pas, je le crois, et il suffisait de regarder les peons du jour pour comprendre que les glorioles locales ne mènent pas toujours au firmament des vedettes... Enfin les toros du jour ont étés décevants, quand on sait leur dernière présentation dans ces mêmes arènes. Pour le mariage, magnifique idée que celle racontée, un régal. Bravo.
  2. Emm. Répondre
    Un peu dur (pour le jeune Lamothe), mais tellement bien écrit !... Je précise que je n'y étais pas. Je m'en tiens donc au texte.
  3. El Nuevo Répondre
    L'amour est aveugle mais le mariage rend la vue (vieil adage ophtalmique)...
  4. Eric LASBATS Répondre
    Que gracia !...

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