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Medio toro

Dimanche 16 juin 2019. Aire-sur-Adour
6 toros de Valdefresno pour Fernando Robleño, Octavio Chacón et Daniel Luque.


Rewind. Samedi 15 juin 2019. 12h05. La tuile !

En quittant le parking bondé de l’hypermarché où les padrones sont à 3,99 €/kg, satisfait du devoir accompli, survivant d’entre les chariots, l’esprit léger donc car le week-end est là, le beau temps aussi et l’été s’annonce, la tuile a frappé sans sommation à peine deux à trois secondes après avoir tourné la clé de contact. 12h05, c’est l’heure où démarre l’émission taurine de la succursale locale de France Bleue. Il eût été possible de changer la fréquence, salutaire même, mais la légèreté de ce moment où les courses étaient faites, où l’été s’annonçait ; tout cela commandait peut-être un rapide retour sur terre en s’infligeant de boire jusqu’à la lie l’eau saumâtre du discours de l’animateur médium. Où l’on apprit, vingt minutes durant, que :

  • La course de Dolores Aguirre de Vic fut « lamentable » et « détestable mais prévisible ». Un médium !
  • Valdefresno et Juan Luis Fraile avaient la même origine Lisardo parce que c’est la même famille Fraile.

Passons sur la suite d’aberrations crachées au micro comme une pluie ininterrompue et incontrôlée de postillons. Au cours de l’entretien qui suivit ces « news » du monde taurin et dont l’interlocuteur était le président de la Junta des Peñas Aturines, nous apprîmes que le changement de cap opéré par Aire (pour la corrida des fêtes) depuis le divorce d’avec les anciens présidents passait par la recherche de ganaderías dites « intermédiaires », c’est-à-dire situées entre le « trop dur » et le con con majoritaire. Résumé du postillonneur en chef toujours aussi maître de ses références :

  • « Vous cherchez le medio toro ! »

Réponse :

  • « Oui . »

Au regard de ce postulat ambitieux, il ne fait aucun doute que la corrida de Valdefresno lidiée à Aire-sur-Adour ce dimanche 16 juin 2019 aura répondu à toutes les attentes des organisateurs dans leur quête du « medio toro ». Succès total, contrat rempli, tape m’en cinq, un suppo et au lit.

Furent donc lidiés, sous un beau soleil de juin et sous les yeux d’un conclave rempli à moitié, six toros de 5 ans et plus de Valdefresno, plutôt bien voire très bien armés pour trois d’entre eux (quelques cornes suspectes tout de même au moins d’arreglado) mais sans trapío. Desiguales, certains réduits, trois très Atanasio dont le cornipaso sorti en dernier, morrillo et finesse des lignes souvent absents, ces toros âgés donnaient le sentiment d’un lot d’anciens blessés à qui l’éleveur avait donné le temps de se retaper pour être lidiés. Les six furent un vide abyssal au cheval : les picotazos succédèrent aux picotazos, le plus souvent et comme à l’accoutumée mal placés. Mettons de côté l’unique poussée sur la corne gauche du premier et l’allant du dernier au démarrage. Mais l’allant vers le cheval – cavalerie Heyral encore trop lourde – ne font pas la bravoure ni le grand toro. Alors oui ! Le pari est gagné. Les six Valdefresno ne furent que de medio toros tant ils n’offrirent d’intérêt qu’au troisième tiers ; intérêt qu’il convient de fortement relativiser. La belle charge vibrante du 6 ne peut à elle seule cacher la fadeur assortie de réelle faiblesse de tous les autres. Un fonds de media casta les tint debout et put susciter quelques sourires mais ils prirent les passes – que ces faenas sont devenues longues ! – sans ce soupçon de piquant que peut apporter cette origine qui offre parfois de vrais mansos con casta. Du medio toro correct en somme et que goûte un public qui continue d’applaudir – et de plus en plus – des toros agonisant en crachant le sang après la succession de bajonazos et épées de côté dont nous gratifia la terna du jour. Du medio toro qui permet ! Qui permet de produire comme à l’usine des centaines de passes et c’est ce que fit le vociférant Chacón dans un numéro pueblerino suintant de vulgarité. Au quatrième, Fernando Robleño usa joliment de temple à droite mais la vérité de son toreo fut éborgnée par une tendance affirmée au profilage. Restait Luque en pleine bourre semble-t-il. Le torero de Gerena ne se priva pas de démontrer ses qualités de temple et sa connaissance technique (petit coup de poignet en fin de passe à son premier pour tenir le cornu sur ses pattes) lors de deux faenas artistiques même s’il se montra plus brouillon pour contenir certaines charges du dernier auquel le président, globalement très généreux ce jour – à force de placer au palco les amis organisateurs plus rien ne nous étonne – accorda une incompréhensible et ridicule vuelta al ruedo ponctuée par une toute aussi aberrante sortie a hombros du mayoral de la ganadería.

Le medio toro a de beaux jours devant lui…

  1. Aymeric MARTINEZ Répondre
    Bonjour, Je te conseille donc d'écouter l'émission fiesta brava sur radio mdm 101.1 (ou 93.8 en terres chalossaises). Ce sont des bénévoles ô combien passionnés qui débattent le samedi en direct de 11h à 12h15... # radio libre ! Saludos cordiales
  2. Laurent Larrieu Répondre
    Merci de l'information. J'avoue que je ne connaissais pas mais je vais de ce pas y poser les écoutilles. Merci

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