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Réputations excessives

Les arènes aux réputations excessives, aux mouvements incandescents, sont des points de ralliement, des ports d’attache où le ressac de cette passion incompréhensible finit quoi qu’il arrive par nous jeter.

Céret, depuis trois décennies, cultive dans un désir consenti cette attractivité, son besoin presque pathologique d’aller chercher, toucher, triturer ce « point de tangence », cet état quasi cosmogonique décrit par Michel Leiris dans « Miroir de la tauromachie ».

Le baril cérétan et sa promiscuité, l’intimidation permanente des sommets qui surplombent ce coin de Vallespir, la culture assidue d’une identité revendiquée plutôt deux fois qu’une, finissent presque par faire oublier, à la longue, tout le folklore dans lequel baigne cette aventure cérétane délirante et belle. Rien, ici, n’est jamais tout à fait décevant. Et pourtant…

A mesure que le lot de Fraile, en ce 13 juillet 2019, faisait passer diverses choses navrantes mais aussi une poignée de détails beaucoup moins soporifiques, c’est un autre lot, moins « desigual« , perché sur talons, drapé en distinction, coiffé en élégance, le tout positionné sur le « paseo sol » et pas bégueule pour un sou, qui finit par retenir l’attention. Ne manquaient plus que le champagne et les huîtres et nous aurions pu nous croire à Nîmes, en barrera et à l’ombre, dans les années 90…

Sous le regard attentif de ces spectatrices, le premier exemplaire de Fraile, astifino s’il en fut, gambada trois tours de piste avant d’être comme souvent hélas piqué dans l’épaule. Le deuxième, un rien éventré aux corrales, finit par être remplacé par un sobrero de Peñaraja qui se péta gentiment la corne droite en époussetant un burladero. Des soupçons? Monsieur taisez-vous! Liquidé par peur, et à l’aide d’une épée assez immonde, ‘Rosario’, né le 17 mars 2015 et occis donc le 13 juillet 2019, a déjà sombré dans l’oubli.

Entra à sa suite en piste le dénommé ‘Caña’. Frais comme une binouse, ce gratteur manso et réfléchi patienta un peu avant de partir net, paf, « Fraile con GTI », comme une poussée de coulante après un excès de vins natures. La caste impétueuse de ce lascar qui tergiversait beaucoup se décomposa hélas à peine posée la dernière paire de banderilles. A noter toutefois: quatre rencontres au cheval pour trois piques prises avec violence. Avant cela, un refilón d’école, et là encore une épaule ouverte comme il se doit.

Le reste de ce premier jour de Céret 2019 finit évidemment par ennuyer un peu les élégantes du dernier rang. Elles avaient déjà mis les voiles quand le sixième Fraile, manière de vache améliorée, fit dix tours de manège avant extinction totale, mais elles purent auparavant apprécier les talents de coucheur aplati de cet épouvantable ‘Cumplidor’, qu’il fallut tirer par les cornes et surtout par la queue pour tenter de le remonter sur pattes. Il rappelait presque l’un des Miura combattus à Arles en septembre 2017, que Rafaelillo avait à l’époque redressé avec force peine. Machins abouliques parmi beaucoup d’autres…

  1. Jean pierre Rouviere Répondre
    Corrida scandaleuse. Une honte totale pour une arène qui prétend donner des leçons à tout le monde.Apres les Miuras il y a 2 ans les frailes cette année .Ceret ou la fin des corridas?.Même pas le plein les gens commencent à se rendre compte de la supercherie.........
  2. manolo Répondre
    "...se rendre compte de la supercherie" Faut quand même pas pousser !: Allez voir ailleurs .... tiens !... A Mont de Marsan par exemple
  3. El Nuevo Répondre
    Une bien belle image, fut un temps où C y R nous offrait à l'occasion de beaux modèles réconfortants photographiés sans chapeau, pour les longues soirées d'hiver... Mais bon les textes et les photos sont toujours de qualité.

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