Valladolid 13 septembre, 6 Victorino Martín pour Uceda Leal, Fortes et Tomás Rufo
1/ Verdadero 12/20 524kg n5
2/ Mindango 01/21 542 n48
3/ Porteño 12/20 473kg n20
4/ Playero 12/20 538 n65
5/ Dispersado 2/21 559kg n12
Les accès aux vieilles arènes de Valladolid sont bien plus aisés quand il s’agit de voir des Victorinos dans un cartel a priori bien ficelé que pour ne pas voir Morante. La demie entrée permet d’apprécier les ondulations des gradins centenaires. Dans les rues alentours, les affiches présentent le fer comme « craint » (temido)
Jose Ignacio Uceda Leal (soberbia, noir et or) ouvre face à un toro tel Gainsbourg cachetonnant dans un péplum italien : Verdadero, 4 ans et demi, mal gaulé, vilaine tête, faible et sournois. On lui change les terrains au capote, on lui évite une raclée à la pique, il vous revient dans les pattes à droite. Uceda fit alors apprécier une faenita gauchère, main au milieu du bâton, douce avec les moyens du bord d’en face. Estocade de la casa et oreille.
Sur l’état des cornes de Mindango sorti en 2, on ne mettrait pas sa tête à couper ni sa main au feu. Fortes a eu le discret détail de s’habiller du violet local (tirant aubergine) et azabache et change aussi les terrains au capote : plus haut, plus de gaz et de présence au cheval (invariable monopique). Le Malagueño tente longuement de résoudre sur les deux cornes une équation main basse / faiblesse + toques suaves / enganchones. Le Victorino a vite baissé même si en fin de faena montent quelques naturelles de court tracé qui réchauffent l’atmosphère. Entière et descabellos, salut.
Porteño est léger, bas ; la suite montrera qu’en dépit de son patronyme, il est plus Mexicain qu’Argentin. Rufo, Chenel et or, voit tout de suite les qualités au capote avec des Veroniques rematées au centre. 2 rencontres pour le plaisir de me contredire, la deuxième symbolique, delantales du Tolédan puis Veroniques du Madrilène. Revuelta bien puis habile et Fernando Sánchez long dans l’aguante saluent aux banderilles, profitant aussi des qualités. Faena courte, débutée un genou en terre puis quatre séries au ralenti, suaves. Une à gauche, une à droite, retour à gauche et une sans épée à droite. Postures parfois douteuses mais muleta morte, charge conduite par le vuelo. Quelques aidées par le bas et estocade hémorragique entière un peu en arrière très efficace. Deux blancs et un bleu.
Uceda touche au 4 un toro plus en forme et s’emploie dans une faena dans son style élégant et retenu. La droite passe sans problème, la banda joue Nerva, vaille que vaille, cela monte sur une série, avant que le passage à gauche trop en confiance ne tourne à l’accrochage : le Madrilène reste quelques instants sur la corne mais seul le costume semble s’en ressentir. Comme l’on est torero, l’on reprend à gauche pour revenir vite à droite et une autre bonne série. Pinchazo et trois quarts perpendiculaires permettent de couper un appendice supplémentaire.
Le 5, Dispersado est annoncé plus lourd mais a surtout (enfin) le trapío de la maison : le très joli cárdeno est accueilli par des applaudissements. Cependant, au physique, il est bien de la famille du second : Faible. Fortes a la montera sur la tête mais comme au second, ne semble pas très clair sur le placement et la distance. C’est long, accroché et sans grand intérêt. Quelques passes semblent soulever un peu d’écho au bout de l’ennui. Estocade foudroyante mais probablement basse. L’oreille me fait penser que j’ai dû rater quelque chose.
Le 6 a le museau long et le type fin qui fleure bon le Saltillo. La finesse du dos peut éventuellement expliquer la bassesse de la monopique. Rufo met un petit moment entre replacements incessants et passes sans trop d’idée à prendre la mesure du bestiau mais culmine sur trois séries gauchères, sans rectifier cette fois, templées et de long tracé, avec les quelques réserves déjà émises au 3. Trois quarts de lame. Et 1 oreille qui font 3. Sortie a hombros avec Uceda Leal.
Beaucoup de jeunes dans les gradins pressés d’envahir le ruedo à la mort du 6 et chant du cygne estival, le soleil tournant doucement autour de l’angle de l’immeuble voisin pour prolonger le plaisir.
Fortes à la sortie : « Bueno, entretenida la tarde, no? »