Madrid 11 octobre – 6 Victorino Martín David Galván, Román, Ginés Marín
Les corridas de Victorino ont souvent le mérite de remettre l’aficionado sur son tendido pour inconfortable qu’il soit et celle-ci ne manqua pas à la règle pour faibles que furent certains ; le danger planant sans cesse sur le sable venteño.
Un ami s’interrogeait l’après-midi même sur la capacité de Galvan à lidier ce genre de corrida et bien que celui-ci se fût déjà frotté aux Albaserradas (et aux Miura), la suite donna raison à notre Cassandre. On n’attendit guère : deuxième série de la faena du premier, accrochage en fin de passe puis recherche de la victime au sol. Crocheté par la corne au niveau du gilet, on vit le torero levé et balancé comme un pantin. Scène abominable et diagnostic suffisamment imparable pour que Marin tue le 4 en 4e position et non en 6e. Troisième matador à l’infirmerie en la bagatelle de quatre corridas pour l’automne, fort heureusement pas de cornada sérieuse.
Román avait potassé son « Victorino » comme d’autres leur Dalloz et après avoir liquidé ce premier se montra très ferme muleta en main (moins au capote) avec les 3 et 5. Il fit rien moins que merveille au 3, ‘Esquinero‘, toro encasté qui sembla présider les débats dès les premiers capotazos et fit suer la goutte à des cuadrillas dont la concentration fut perceptible tout au long de la soirée. Brindis à Enrique Ponce en barrera, (corbeau des cheveux aux pieds) et attaque du troisième tiers dans le doute des gradins. Roman, lui ne « doute » pas le toro une seule fois (en tauromachie, « douter » est transitif), il baisse la main, toque sans brusquerie, laisse la muleta sous le mufle, prend garde à ne pas se faire accrocher et ne rompt pas lors des moments périlleux. On retiendra deux séries à droite alors que le passage à gauche fut plus âpre, la sortie finalement « rematée » après l’avoir crue avortée. Retour à droite puis épée en main somptueux final par aidées toujours très basses. Engagement à la mort mais l’épée tombe bas (et évidemment très efficace). Le public exige une oreille que nul ne contestera. Grand moment de toreo, d’aguante et de mando. Le 5 approchait les 6 ans et renversa le cheval en soulevant les pattes avant. Toro court et querencioso aux planches vers le tendido 10 mais encasté, Roman le sortit de son coin et administra une longue faena dans les tiers voisins du tendido 1. Faena entêtée pleine d’aguante avec les dangers inhérents à l’affrontement d’un toro sans grande charge. L’épée sortit par le flanc et mit fin à tout débat sur la possibilité d’une grande porte. Salut au tiers.
Gines Marin n’est pas, que je sache, un spécialiste de l’encaste Albaserrada mais pour mal servi qu’il fut au tirage au sort, il fut parfaitement digne tout au long de l’après-midi. Le 2, le plus fin de la manade, sautait au capote, ce qui ne sembla pas troubler l’Extemeño, exquis à la Veronique à l’accueil. Le toro semble venir de loin, il n’autorisa pas plus de deux Tafalleras entre les piques. Brindis au centre mais le Victorino baisse vite physiquement et commence à se défendre. Marin le change de terrain et profite du filet de charge au pas pour donner dans les terrains du 7 une série de naturelles littéralement au ralenti. Les toros moribonds ne « passent » pas à Madrid et l’on retint l’affaissement de celui-ci à la série suivante. Il n’en reste pas moins vrai que cela implique de supporter la pression du long passage d’un toro au ralenti. Pas verni à l’épée ce jour, il finit sur un pinchazo et une entière en arrière. En 4, un ‘Japonés‘ ne fut pas loin de déborder Gines au capote. Batacazo au premier puyazo et second appuyé. Comportement bizarre, abanto… Et lidia prudente de Del Pozo (qui se fera un « auto-quite » à une main en balançant la cape d’une corne à l’autre pour le ramener au burladero)
Le toro manque de caste et a tendance à chercher les planches ; Marin insiste sans écho. Pinchazo et épée basse. Le 6 ne laissait rien passer, de la caste, de la mauvaise et de la méchante. Gines Marin, montera sur la tête reste ferme devant et se joue la peau sans perspective. L’épée fait à nouveau défaut.
Quant à savoir si le torero d’Extremadure s’est assombri les cheveux, le mystère reste entier.