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Ad libitum

serignanÇa peut être sur la route de Céret, ou sur celle de la miurada biterroise, ou à l’occasion de n’importe quel autre déplacement taurin, entre juillet et la fin de la temporada, et même jusqu’à la fin octobre pour ceux qui ne voyagent pas uniquement pour les toros. Ce ne sont pas les opportunités qui vont manquer pour sortir de l’autoroute et prendre la direction du Musée régional d’art contemporain Languedoc-Roussillon, à Sérignan (Hérault). Un musée totalement improbable dans un village, mais un musée pourtant bien réel.

Du 28 juin, c’était hier, au 2 novembre, vous pourrez découvrir dès la porte franchie une immense fresque au fusain, noire et pleine de matière, signée Sylvain Fraysse. Fraysse, nous l’avons déjà écrit ici, n’est pas un peintre taurin ; il est bien plus que ça, et cette fresque monumentale sera le témoignage vivant mais éphémère de la dimension de l’artiste. Je ne vous en offre ici qu’un tout petit bout, à vue de nez 2,75 % de l’ensemble, pour peut-être tenter d’en appréhender la matière. Illusoire. L’œuvre n’ayant de sens et d’émotion que dans sa réalité matérielle. La fresque représente le domaine des Orpellières où Sylvain a rencontré jadis le peintre Dado — une rencontre décisive dans sa trajectoire.

L’étage, outre la collection permanente, propose dans le même temps une rétrospective d’une sorte de Lady Gaga (oui, c’est facile…), la peintre Rosson Crow, pour un travail très différent, assez inégal, mais avec de superbes surprises. Tout ceci est à découvrir avant de prendre la direction du centre historique de Béziers où vient d’ouvrir une « cave à manger-vins vivants » : Pas Comme les Autres.

Le lieu vaut plus que le détour, tant pour les vins que pour la sélection de mets solides, comme cette ahurissante pièce de bœuf crue accompagnée de bufala et de framboises, ou les « charcutailles » diverses, tel ce pâté basque au piment d’Espelette à se traîner par terre.

Les vins sont tous nature, et l’on ne passera pas à côté de la découverte d’un tokay italien du Frioul, proche de Venise, orange et détonant, élevé sous voile, d’une rare complexité. Demandez au boss, Romain, de vous expliquer comment est née cette rareté. Romain arrive de Londres où il était chef sommelier dans un deux étoiles Michelin de la capitale anglaise avant de se décider à retrouver ses racines biterroises pour y créer un établissement irréprochable quant à la qualité des produits proposés — des produits d’exception.

À la carte également, au milieu de multiples références, les vins du Gardois Ludovic Engelvin, dont les étiquettes sont dessinées par un certain Sylvain Fraysse. Le monde est parfois petit, et en l’occurrence ça a du bon et même du très bon.

Sérignan, je vous dis.

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