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Vende la muerte

FL-vendelamuerte« Vends la mort ! »

Le cri est venu du burladero juste devant moi. Je me dandine sur mon rondin de bois pour tenter de voir qui en est l’auteur. J’en suis presque certain, ce ne peut être que l’apoderado « sup de co » ou le mozo de marketing. Le gamin habillé en torero a reçu le message, lève le bras droit, ouvre la main, crispe le visage dans un style rageur. Quelques instants plus tard, par pitié peut-être, le novillo se couche et le public se lève (pour Danette). Pour l’apprenti torero, tout n’est qu’exaltation et euphorie, le bras toujours levé et le sourire Émail Diamant.

Le novillero nous a vendu une demi-véronique, un pase de pecho, quatre manoletinas, une poignée de saltos de la rana et la mort, évidemment, et tout ça dans les arènes en bois d’Albarracín où l’entrée est gratuite. S’il avait pu, il nous aurait également refourgué une encyclopédie Tout l’Univers en 18 volumes, un aspirateur Vorwerk ou un faux sac à main Louis Vuitton. En revanche, s’il avait eu bon goût, il nous aurait offert un peu de toreo, mais  personne ne le lui a crié depuis le burladero. Parmi son équipe commerciale, personne ne lui a dit de prendre la muleta dans la main gauche pour profiter de la charge un peu plus longue du novillo. Mon voisin de gauche, caché sous son chapeau de paille Amstel et qui engloutit son troisième Beefeater Schweppes, lui, l’a vu. Mais en bas, non. Le plan marketing s’articule autour de la main droite coûte que coûte, de regards enflammés vers le public et de gestes rageurs. La vente forcée appliquée au toreo. Et, parfois, ça marche.

Notre V. R. P. du toreo vend sa prestation à un public bénévole qui lui offre une oreille gratuite. Terrible paradoxe !

  1. athané Répondre
    ! Vendu ! p.a

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