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Dix-sept heures trente

12À dix-sept heures trente, tout doit être prêt.

À dix-sept heures trente, les deux petits vieux en chaise roulante sont garés près de la sortie des arènes, juste à l’endroit où s’arrête l’arrastre — le toro à leurs pieds, ou à leurs roulettes, ça dépend comment on le voit. À la fin du deuxième toro, ils disparaissent. J’imagine qu’on les emmène au bar jouer aux cartes, ou à la maison pour se reposer et prendre un verre d’horchata et fartons. J’aime bien m’imaginer ce genre de trucs et me faire mes films.

À dix-sept heures trente, les gitans sont positionnés sous les gradins, avec le casse-croûte, la chaise de camping et la glacière, parfois, la poussette posée à côté et les gamins qui courent dans leurs pattes. Dans quelques minutes, ils colleront un œil sur l’interstice lumineux entre les planches de la talanquera pour voir la novillada. À l’œil, évidemment.

À dix-sept heures trente, le Manhattan et le Chester, abreuvoirs assourdissants, sont pleins à craquer et vomissent leur surplus de clients fumeurs sur les trottoirs de la rue de la Muntanya. Agglutination jouasse et bariolée.

À dix-sept heures trente, il faut s’engouffrer sous les arènes, entre les piliers de bois qui la soutiennent, faire tout le tour jusque de l’autre côté et ressortir près de la mairie. Sous les gradins de la Peña Mesinfot, vous pourrez acheter une belle portion de pizza pour 1,70 euro — le bonheur.

À dix-sept heures trente, les picadors échauffent leur canasson sur les pavés de la rue València entre un mur sale et la façade rénovée d’un immeuble ancien, évitant soigneusement d’écraser les enfants, les femmes enceintes ou tout autre bipède imprudent.

À dix-sept heures trente, les novilleros sont dans le tunnel des cuadrillas, avec les curieux, les passants, les enfants, les mamies ravies, leurs angoisses et leurs ambitions.

À dix sept-heure trente, à Algemesí, tout est prêt, tout le monde est à sa place. Silence, moteur… Action !

Retrouvez, sous la rubrique « Galeries », une série de photographies réalisées lors de la Setmana de bous d’Algemesí.

  1. Péaud Répondre
    Félicitations pour les publications numériques et les vidéos que vous avez mis dans la rubrique "Galerie". La video de l'enchiqueramineto à Vic fiche la chair de poule... ! Quant au texte qui accompagne la "geste" des Dolores Aguirre et d'Alberto Lamelas il fait écho à ce que j'ai ressenti tout au long de cette corrida d'exception. Chapeau !
  2. zanzi Répondre
    Moi qui me demandais ce que je ferai l'an prochain, fin septembre, sur le coup de dix-sept heures trente... Ce texte vient de m'éclairer !

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