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Je ne suis pas allé à Ciudad Rodrigo

Je ne suis pas allé à Ciudad Rodrigo. J’avais pourtant presque tout prévu. Pour l’occasion, j’avais ressorti trois Damart et un vieux bonnet rangés dans le fond d’une caisse en carton enfouie dans une armoire du garage. Ça ne suffisait pas, alors je suis allé acheter une paire de gants, des chaussettes de ski et, dans un moment d’angoisse, j’ai craqué pour un pantalon thermique à enfiler sous mon Levi’s. J’ai vérifié plusieurs fois mon attirail. Je me suis assuré que tout tenait dans mon sac. J’ai gardé une petite place pour mon appareil photo, protégé entre deux pull-overs. Il fait froid à Ciudad Rodrigo pendant le Carnaval del toro. Très froid. On me l’a dit et répété. De plus, j’avais réservé l’hôtel à l’avance, calculé mon budget, étudié le trajet et le temps nécessaire pour rejoindre l’ancienne Miróbriga. J’étais fin prêt.

Quatre jours avant le départ, j’ai commencé à regarder la météo. Crasse erreur. Il n’allait pas faire si froid que ça, du moins il n’allait pas geler. En revanche, ils annonçaient de la pluie. Pas beaucoup, peut-être moins qu’il ne peut en tomber pendant un mois d’août en Vendée. Mais bon, un peu quand même et pendant tout le week-end. C’est trop. Je suis ventr­­­e à choux d’origine, mais méditerranéen d’adoption, et si j’accepte bien d’avoir un peu froid, je ne veux pas me mouiller pendant des heures accroupi sous une barrière à atteindre un encierro, ou assis sur des gradins détrempés, supportant l’averse pendant la faena d’El Fandi.

Toutes les deux heures pendant quatre jours, j’ai regardé la météo sur mon téléphone, sur Internet et à la télévision. Une obsession. Plus le temps passait, plus le petit nuage gris avec sa goutte au nez envahissait le week-end, y compris le lundi. J’ai paniqué et j’ai cédé. J’ai tout annulé le jeudi après-midi, de peur de faire sept cents kilomètres et de ne pas pouvoir profiter d’un campo impraticable, par crainte d’attraper la grippe, la fièvre, une pneumonie, ou d’être cloîtré dans un bar et d’être forcé de boire pour tuer le temps et le mauvais temps. J’ai merdé, car il n’a pas plu à Ciudad Rodrigo. On me l’a dit en ricanant. Il a juste fait froid. Moi, je n’aurais pas eu froid, j’en suis certain.

Pour passer ma mauvaise humeur et mon week-end gâché, je suis retourné à Gestalgar voir un toro en cuerda. Il a fait un samedi particulièrement chaud pour la saison. Cynisme de la météo. J’ai fait une photo et ça m’a donné une idée d’expédition lointaine pour le mois d’avril. Un voyage qui me motive énormément et auquel je vais me préparer à fond et consciencieusement. S’il ne pleut pas, évidemment.

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  1. José Angulo Répondre
    Qu'on le jette aux lions !
  2. anne marie Répondre
    Oh oui ! La fosse aux lions ! Et s'il en reste un peu... et hop ! Dans l'arène avec les toros

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