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San Antonio, pardonnez-leur

Le 17 janvier en Espagne, nous fêterons (ou pas) San Antonio Abad (Saint Antoine Abbé), le patron des animaux. Si cette date marque le coup d’envoi des premières manifestations taurines de l’année elle est surtout l’occasion de bénédictions d’animaux. Chats, chiens, poissons rouges, cochons d’Inde, chevaux de trait, bœufs, tortues et canaries portés à bout de bras par leurs maîtres ou tenus en laisse par leurs propriétaires se pressent sur la place du village pour recevoir quelques gouttes d’eau bénite en guise de protection. Une tradition plutôt sympathique et folklorique, délicieusement et profondément espagnole. Bref, une coutume qui ne dérange ni ne fait de mal à personne.
A priori… Car il est possible que ce ne soit pas du goût du nouveau maire de Valencia, Joan Ribó, qui n’a pas attendu l’hiver, période habituelle où les grands cirques s’installent dans la ville du Turia, pour leur interdire les numéros incluant des animaux sous prétexte qu’ils constituent une forme d’exploitation irrespectueuse de leur condition animale. On suit à la lettre l’exemple catalan à l’aggravant près qu’il s’agit d’une interdiction arbitraire, non issue d’une votation comme ce fut le cas en Catalogne. Dans sa croisade progressiste, le maire vient également d’interdire pour la première fois dans son histoire, la participation des animaux dans le traditionnel défilé des rois mages. On commence à halluciner.
Entre ces deux interdictions et comme il était prévisible, le maire s’est clairement positionné contre l’organisation habituelle du toro embolado dans les localités avoisinantes à l’agglomération valencienne et a questionné le devenir des traditions taurines valenciennes en les comparant à d’autres « pratiques ancrées dans la société » et depuis abolies comme sont l’esclavagisme, l’inquisition, la ségrégation raciale, la mutilation des femmes, et les violences inter conjugales, en s’appuyant sur un discours préparé et rédigé. Les aficionados apprécieront le sens de la mesure et de la proportion de l’édile de la ville de Valencia quand il s’agit de qualifier les us et coutumes de ses concitoyens.
En suivant les critères de Joan Ribó, les sympathiques festivités de San Antonio Abad s’apparenteraient d’avantage à un cortège de pauvres chiens-chiens à sa mémère traînés au bout d’une laisse, de poissons rouge « débocalisés », de tortues traumatisées et d’animaux de ferme violemment urbanisés au mépris de leur volonté pour être aspergés à grands coup de goupillons par des curetons en chasubles d’apparat sans respect pour leur nature animale et par extension, de leur condition laïque. Les motifs d’interdiction devraient sauter aux yeux de cette frange autoproclamée bien-pensante et aveuglée par sa morale prohibitionniste.
Aurons nous droit prochainement à une San Antonio sans animaux ?

  1. Josephine Répondre
    A Madrid aussi, on nous a sucré les chameaux, chevaux et oies pour le défilé des rois mages.
  2. Anne-Marie Répondre
    Et à Paris, ils nous ont démoli l'église Sainte-Rita ! Fini la bénédiction annuelle des animaux ! Vive le nouveau parking et les logements dits "sociaux" !

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