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Urtica dioica

talaQuand j’étais gamin, le père Dudu, un grand oncle au caractère trempé, se plaisait à impressionner notre petit groupe de cousins en vacances au village. Pour ce faire, il emmenait la bande avide d’émotions fortes au fond du jardin, près des clapiers à lapins, là où poussent les orties. A mains nues, il en saisissait une poignée et sous nos yeux éberlués se les frottait énergiquement sur les bras et les jambes en louant les qualités circulatoires de la plante urticante.

Heureusement pour notre épiderme délicat, il existe d’autres techniques moins irritantes pour activer la circulation sanguine. Roca Rey, par exemple, pourrait être recommandé par le collège des médecins cardio vasculaires. Transi dans les arènes de Valencia par l’air frais et coupant du mois de mars, recroquevillé et ankylosé sur le béton gelé des gradins, Andrés Roca Rey vous fait lever en pleine faena et applaudir, ce qui immanquablement vous dégourdit les jambes et vous réchauffe les mains. Un petit exercice simple qui fait du bien.

Je ne ferai pas un compte rendu détaillé de la corrida du 17 mars qui opposa Talavante et Roca Rey en mano a mano avec du bétail manso et à la combativité en berne de Victoriano del Río. Je possède une mémoire défaillante et je ne prends aucune note pour pallier cette déficience. Dans le cas précis, il ne semble pas non plus indispensable d’analyser les faenas passe par passe, série par série, en mesurant les collocations des matadores à l’équerre et au rapporteur. Ce que j’ai pu constater et dont je suis certain est l’engagement et la force du jeune torero péruvien au joli minois. Une gueule d’ange qui en réalité cache une ambition de jeune loup. Roca Rey a surpris l’assistance en redonnant tout son sens à la corrida mano a mano, en l’inscrivant dans une nécessaire rivalité qui avait disparu au profit de la camaraderie qui régnait lors de confrontations décaféinées. Roca Rey ne pardonna aucun quite et répliqua systématiquement à Talavante lorsque il essaya de briller, en utilisant une panoplie variée de suertes. Il rendit coup pour coup à son aîné et quand ce dernier démarra sa faena au cinquième toro par une série de derechazos à genoux, Roca Rey rétorqua en exécutant une série similaire au sixième. Il se permit même le luxe et le clin d’œil de caser quelques arrucinas, la marque de fabrique de son adversaire du jour. Si on ajoute à ceci sa facilité et son courage, on obtient un cocktail des plus revigorants en ce début de saison. Roca Rey enthousiasma le public des arènes de Valencia alors que le regard noir et la moue de Talavante trahissait l’irritation brûlante d’une volée d’orties. Le genre de corrida qui aurait plu au père Dudu.

  1. Anne-Marie Répondre
    Quelques jeunes commencent à promettre. Surtout Roca Rey. Pour ma part, je tiens Galdos à l'œil. C'est mon chouchou !

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