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La tour de Termes

Aignan, 27 mars 2016
5 Toros + 1 du Camino de Santiago (2) du marquis de Albaserrada pour Sánchez Vara, Alberto Lamelas et César Valencia


Au pied de la tour (XIII° siècle) de Termes d’Armagnac, les Pyrénées, que l’on croirait pouvoir toucher, sont un apaisement. Dans la mémoire familiale, il se raconte que l’arrière-grand-père de Nogaro, personnage haut en couleurs, aimait foutre le camp là-bas, au pied de la tour de Termes. Il traversait son village, prenait le sens interdit nouvellement installé aux abords du lycée, déclarait aux flics que lui vivant, leur sens interdit ils pouvaient en faire du confit d’oie et faisait halte à Urgosse pour embarquer son copain de toujours. Au pied de la tour, les deux compères devaient se régaler de la fraîcheur du vent dans les chênes, peut-être se taisaient-ils. C’était leur querencia à eux, leur voyage au lointain.
Mon Gers disparaît lentement, les décès l’enterrent un peu plus chaque fois dans les profondeurs d’une mémoire qui se réveille sans prévenir ; hier au pied de la tour de Termes d’Armagnac. L’arrière-grand-père querencioso, les fleurs de ma grand-mère, ses yeux, ses mots de mamie, la distillation de l’Armagnac au plus loin dans la nuit et, particulièrement hier, les anciens Albaserrada qui se lidiaient à Vic avec leurs cornes plus effilées que l’épée d’un cadet de Gascogne.
Hier, à Aignan, le Gers, mon Gers ?, a convoqué le souvenir de ces estampes vicoises. Fabrice Torrito avait envoyé un superbe lot de toros, tout en finesse de lignes, sans une once de graisse superflue. Des estampes comme autrefois. On regrettera les cornes salement abîmées du premier sans penser à mal toutefois tant on connaît l’intégrité dont fait montre le mayoral de l’élevage. Les autres ont tapé, rematé, rien n’a bougé. 5 toros du marquis de Albaserrada donc, qui laissent sur leur faim pour certains à cause de comportements tardos, parfois lourdauds et mansotes. Car si l’on excepte ‘Hortezuelo’ (sur sa première rencontre) et le très bon dernier ‘Esclavo‘, les autres se sont peu engagés lors de premiers tiers — le premier ‘Hermético’ avait envie et démontra de belles qualités malheureusement annihilées par un manque de force patent — où les étriers sonnèrent mais sans plus. On regrettera aussi, comme souvent, le côté golgoth des chevaux de la cuadra Heyral.
Au troisième tiers, les toros de Mirandilla exigeaient tous une lidia appropriée et précise, en particulier en ce qui concerne les terrains car certains recherchaient la querencia et la fuite vers la tour de Termes d’Armagnac. Las, Sánchez Vara toréa le 4 comme on pèle des carottes, sans y faire attention. La tête demandait à être baissée, la charge conduite par une main de fer. Le toro demeure inédit comme l’on dit. Lamelas — cuadrilla vraiment mauvaise —a envie, s’engage assez bien mais confond la corrida avec une tienta campera. La longueur de ses faenas gâche tout le crédit de son enthousiasme souriant et finit par ennuyer même le toro. Il est fort à parier d’ailleurs que le président de la course (Guy Tanguy) avait laissé sa montre chez lui le matin.
Restait César Valencia. Bouillonnant, sautillant, basto parfois, excité, trépidant et rageur au possible. Cartonné comme il faut deux fois dans la journée, il en fallait plus pour lui ôter l’envie d’en découdre avec ‘Esclavo’, le 6, excellent toro encarté, brave et noble, aviateur impétrant et forcément exigeant. La faena resta uniquement droitière — le seul essai à gauche s’acheva pour Valencia par un uppercut tysonesque — et ni ‘Esclavo’ ni Valencia ne voulaient s’avouer vaincus.
Petit à petit, pueblo après pueblo, de mal en mieux, Fabrice Torrito est en train de réussir un pari sur lequel peu aurait misé. Il reste beaucoup de défauts, des scories que les tientas et la sélection gommeront un peu dans les années à venir. Et puis, il reste surtout l’attente de voir enfin les premiers fils des sementales de Tulio. Ils ont le guarismo 13. Ils auront 4 ans l’an prochain et avec un peu de chance, l’on reverra vers chez nous, en Gascogne peut-être, l’élégant canotier du mayoral Torrito.

  1. Christophe Moratello Répondre
    superbe !
  2. LARRIEU....MASCARIN Répondre
    Mam aurait adoré !! Merci pour ce souvenir gersois... Bises

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