logo

2105

fb_engelvinPendant la dernière San Isidro il s’est passé quelque chose qui a suscité bien peu de commentaires . Tout le monde a vite glissé. Plusieurs exemplaires d’élevages d’origine Domecq ont été présentés à des poids absolument stratosphériques. A se demander, sur la pancarte tout du moins, si les poids annoncés n’étaient pas ceux de la course de Cuadri.
Je n’ai plus les chiffres en tête mais plusieurs exemplaires dépassaient allègrement les 600 kg. Des cochons, une horreur…
Qui demande ça ? Le 7 ? Le 4 ? le 5 ? Ceux d’en hauts, ceux d’en bas ? Les bloggeurs aigris ? Qui ? Je vous le demande..
Personne. Ces cochons éléphantesques avec des cornes sont produits par les manufactures du taurinisme professionnel sans que personne absolument personne ne le leur demande, et certainement pas l’afición conspicua.

Les kilos ne font pas le trapío. N’allez pas pour autant vous imaginer que je vais entrer en crise de nationalisme aigüe et de circonstances pour me lamenter sur le fait que Robert Margé ait vu la moitié de sa course refusée pour manque de poids, ce qui n’empêche pas qu’elle pouvait avoir du trapío. D’abord je m’en moque, ensuite c’était une question strictement règlementaire, et puis ça n’a rien à voir.

Dans son dictionnaire taurin de 1987 Luis Nieto Manjón au mot trapío indique que d’après Cossío, ce terme provient du langage des marins qui l’associaient à la voilure.
A ce sujet, en 1976 et dans El País, Joaquín Vidal avançait : « Le mot Trapío était employé en matière nautique pour désigner la voilure déployée d’un navire. Le navire atteint le sommet de sa majesté lorsqu’il avance avec les voiles gonflées par le vent. Le trapío est une chose difficile à définir, c’est ce qui se voit et se sait, mais que l’on ne peut quasiment jamais expliquer. Le trapío c’est la majesté du toro. C’est sa grâce, sa prestance, son incomparable apparence de puissance et de sauvagerie. S’il présente l’âge requis et le trapío le toro est apte à la lidia, bien qu’il soit petit… »

Alfonso Navalón dans son incontournable « viaje a los toros del sol » en donnait lui cette autre définition : Terme employé pour définir le sérieux d’un toro. Un toro ou une vache avec du trapío est synonyme de bonne présence, belles proportions et qui en outre impose le respect. Un toro sans l’âge n’a pas de trapío car il lui manque le sérieux et le respect. Un toro d’âge peut manquer de présence et bien qu’étant bien proportionné on dit qu’il manque de trapío. Un toro avec du trapío est un toro en plénitude et qui en outre est « bien fait ».

Joaquín Vidal, toujours lui, a métaphoriquement défini sa vision de ce qu’était le trapío dans la chronique d’une novillada de 1992 : Le trapío est ce qui se voit mais ne peut s’expliquer. Le trapío est comme une aurore boréale, dans les mers du sud. Les aficionados, par exemple, chaque fois qu’ils vont dans les mers du sud, bien souvent ne peuvent pas décrire ce qu’ils ont vu, mais ils le reconnaissent immédiatement et pointent l’horizon du doigt en affirmant : Ceci messieurs est une aurore boréale !
Pour le trapío c’est la même chose. L’année dernière, pour la San Isidro, ils ont présenté des toros que dépassaient les 600 kilos, et le public était impatient de les voir sortir. Une fois en piste cependant, on sentait la déception. Et les aficionados se levaient et pointaient du doigt le produit carné pour le dénoncer solennellement : Ceci n’a pas de trapío messieurs !
La seule définition correcte du trapío a été révélée par un aficionado vétéran à ses amis intimes un soir qu’il s’étaient réunis pour des conspirations taurines dans le recoin sombre d’un colmao madrilène. On parle de Monsieur Mariano Cañetillo haut fonctionnaire de l’administration d’Etat, qui était un nain. Vous avez vu, disait l’aficionado, lorsque Mariano joue au poker, qu’il ouvre les cartes sur la nappe et, subitement, regarde le joueur d’en face par-dessus l’éventail des cartes ? Eh bien c’est ça le trapío !

  1. J M Répondre
    Pour info, il semblerait que votre photo soit celle d'un ovin et non celle d'un porcin. Mais je peux me tromper.
  2. JotaC Répondre
    Avec Bruschet ce serait plutôt, oh vin !,
  3. itsakind Répondre
    ca pourrait être un bon bouc, hein ?
  4. Anne-Marie Répondre
    Euh... un bouc à six pattes avec des godasses à lacets... ça fait drôle !

Laisser un commentaire

*

captcha *