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Lucien Clergue, Toros muertos, Forces vives, 1963.

Toros muertos - Lucien ClergueLa lame vient de sectionner la moelle épinière du toro. À ce millième de seconde précisément la vie s’arrête. Instants décisifs, fragments d’absolu avant le noir. L’immense carcasse se contracte violemment, s’effondre lourdement sur le sable, telle un improbable judoka basculant dans la poussière et le néant. La mort.

Toros muertos est un ouvrage de jeunesse de Lucien Clergue. Il n’avait pas trente ans. Le livre fut publié en 1963 et réédité en 1966, dans une version bilingue français/anglais. La page Wikipédia du photographe n’en fait pas état, pas plus qu’elle n’évoque Número uno, publié la même année et consacré à Antonio Ordóñez.

Toros muertos est un livre purement et totalement photographique. Un travail qui va très au-delà du folklore tauromachique et de ses poncifs habituels, à l’esthétique souvent facile et putassière.

Toros muertos fut contemporain avant l’heure. Editing serré, cohérence d’une écriture photographique sans concession(s). Et déjà les prises de vue en totale contre-plongée, si mal plagiées depuis.

Toros muertos regarde le soleil et la mort en face, en trente photographies, mortelles et lumineuses. — François Bruschet