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2016

brindisÀ regarder derrière on se fait mal au cou. 2016 va s’éteindre dans les brûlures d’estomac comme ses prédécesseurs. La mémoire fera son tri impitoyable et salvateur. Les morts de 2016 auront leur petit mot à date fixe. Pendant un an, deux ans et puis il faudra bien péguer la véronique de l’oubli parce qu’il y aura d’autres morts qui remplaceront les morts. De 2016, ici, chez nous qui ne remettons jamais de prix, de récompenses ou d’accessit, on se souviendra qu’il a fait très chaud cet été et que Chapu Apaolaza a écrit un très beau livre sur l’encierro de Pamplona. 7 de julio. Chapu court chaque mois de juillet devant des toros de combat dont on oublie trop souvent qu’ils tuent. Le ‘Pana’, Victor Barrio et des comme toi et moi dans les rues d’Espagne sont les stigmates de cette mort étrange et pénétrante et même indispensable. Tragique, oui, mais indispensable. Après, sans elle qui rôde, qui interroge, qui fout la trouille, qui se montre puis se barre, qui n’est plus, là, dans ce moment des vingts minutes, un concept masturbé par des penseurs à la petite semaine, sans elle, nous ne serions plus là à ne pas aller voir de corridas à Nîmes, à nous prendre le bec sur l’indulto du temps présent d’un Victorino à Séville, à nous moquer « narquoisement » de Ponce toréant en costard de gala, à nous faire réprimander vertement par des habitants d’un village de la Haute Landes, à penser qu’Antonio Lorca n’énonce pas que des conneries, à frissonner devant la charge d’un Aguirre ou d’un Saltillo, à nous dépêcher d’aller voir Esplá un jour de fin d’été, à espérer que les Tulio reviendront, à pouffer de rire en lisant les bénis oui oui de la cause écrire tout et son contraire et surtout son contraire en 140 signes ou dans des opus qui sont autant de crachats à la figure de l’honnêteté intellectuelle, à s’inquiéter d’un ami qui n’a pas pu venir, à penser, dans un instant que l’on ne choisit pas, à ceux qui ne viendront plus, à trouver que ça fout le camp, quand même, tout ça. Sans elle, plus de toros, plus de campo, plus de ruedo. On vit comment après ? C’est bizarre de l’écrire. La mort pour remplir une vie. 2017 arrive. Les réseaux sociaux sautillent d’annonce en annonce, ça commente, ça suppute, ça espère. Qu’on foute la paix au temps ! Qu’on le laisse nous porter à son rythme. Les temps morts — tiens tiens — redonnent du souffle… et de la vie.

  1. Anne-Marie Répondre
    Et vive 2017 ! On va y croire ! Joyeuses fêtes et bonne fin d'année à CyR. Continuez à nous régaler !
  2. ANNE-MARIE Répondre
    Du haut de mes maigres années d’Afición a los Toros (mais il faut bien commencer un jour !), je vous invite à lire Antonio Purroy sur http://www.vingtpasses.com/2016/12/animalisme-antispecisme-degradation-de-l-humain.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail Joyeuses fêtes à tous !
  3. Bernard LAMARQUE Répondre
    Oui,ça fait peur le temps mort. Ce temps vide, difficile à passer, un temps où le fait de vivre c'est pas évident. On sent que du temps passe, que de la vie passe, en nous, et c'est étrange d'en prendre conscience et de n'en rien faire. Pourtant c'est dans ce temps-là , où en apparence il ne se passe rien, que tant de choses en nous se ramassent, pour prendre forme. Beñat

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