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Le règne du vulgaire

coquilla copieIl y a trois ans étaient combattus à Saint-Sever les ultimes toros d’origine Coquilla (et Coquilla croisé avec du Buendía) élevés par Juan Sanchez-Fabrès. qui rendait les armes face aux difficultés rencontrées pour faire vivre un encaste aussi fragile et réduit que l’était celui de Coquilla. La dernière de ces difficultés, et non pas la moindre, se trouvant dans la mise à l’index de cette lignée par les figuras et par les arènes d’importance. Trois années ont passé et rien n’a changé. Il semblerait que le sémillant Juan Sanchez-Fabrès ait conservé une pointe de vaches et que les mâles qui lui naissent soient combattus par les élèves d’écoles taurines de la région de Salamanque.
Il est évident par contre que le bannissement de certains élevages par les empresas assujetties aux choix des toreros de premier plan se poursuivent et que les voix de l’afición a los toros s’en trouvent de plus en plus rauques à force d’avoir dénoncer ce système, rauques ou aphones pour beaucoup.
Les figuras s’épandent comme le fumier sur la terre en préparation dans les colonnes de sites internet vides de tout fonds. Chacune y va de son analyse de la situation, chacune trouve que c’est son moment, qu’elle arrive à la croisée des chemins, chacune remplit le vide de tout ce qu’elle devrait taire pour ne pas nous paraître pitoyable. Les empresas souvent se taisent pour mieux se faire arroser de l’épandage des  figuras. Seul Casas l’ouvre un peu parce que Madrid, parce que c’est le début mais Madrid n’est pas le monde taurin et ses projets pour la Villa y Corte, fussent-ils intéressants (pour certaines premières annonces) sur le papier pour les aficionados exigeants, ne sont en aucun cas la synthèse de la réalité de ce qui se passe partout ailleurs. Ou de ce qui ne se passe pas pour dire vrai. La temporada 2017 sera la photocopie de 2016 qui était déjà un resucé de 2015, etc. Les toros seront partout les mêmes dans les plazas dites de catégorie. On s’émoustillera le pistil sur Facebook pour discuter des trois contrats d’un Juan Bautista en Arles, on se grattera le coin du nez pour savoir si Morante ici ou Morante là-bas, si Ponce a repassé son costume de gala ou si Manzanares a changé de coupe de cheveux. Premier geste annoncé de l’année : Ponce prend des Adolfo Martìn à… Teruel ! En Arles : García Jimenez, Juan Pedro Domecq et Pedraza de Yeltes, le tout décoré d’une novillada 100% française et… 100% d’origine Domecq — il est vrai qu’il est devenu difficile d’organiser une corrida dite française en évitant l’origine Domecq tant l’immense majorité des ganaderos français a plongé corps et âme dans cette origine. Que certains parmi eux ne s’étonnent pas ensuite que de petites arènes plutôt centrées sur la diversité des encastes ne leur achètent rien ! En septembre seuls les Miura apporteront une note discordante dans ce désert uniformisé qui témoigne d’un manque d’idées et de volonté à faire pleurer. Pamplona ne change rien (au moins présente-t-elle trois fers plutôt dans la ligne torista) par rapport à 2016 sauf les Pedraza qui giclent au profit du Puerto de San Lorenzo. Aura-t-on entendu le mécontentement de l’afición du côté du Guggenheim ? Rien n’est moins sûr.
Nous l’avons déjà écrit mais la diversité ne se défend pas seulement par esprit de contradiction. Elle se défend parce que sans elle la corrida devient un plat préparé qui interdit l’émerveillement des papilles, une recette facile pour consommation de masse, aussi vite engloutie qu’oubliée.
Casas à Madrid, c’est l’arbre qui chaque la forêt du désenchantement. Pour l’instant, on flagorne, on annonce, on surprend, on fait espérer. Et c’est bien malgré une novillada de Dolores Aguirre qui n’a rien à faire là. Pour l’instant. C’est la première année et il est presque certain que Simon réussira à construire une belle temporada madrilène. Les six premiers mois d’un quinquennat sont souvent optimistes. Après…
Trois ans après les derniers Coquilla à Saint-Sever, rien n’a changé. Des élevages ont périclité, les plus industriels existent encore et fournissent le marché, les organisateurs professionnels continuent de nous vendre leur médiocrité et d’imposer leurs réseaux. On peut déjà prédire les triomphes d’un instant, les indultos après lesquels personne ne se rappellera le nom du toro gracié. On peut prédire que la mémoire meurt chaque année un peu plus. On peut prédire le règne du vulgaire. C’est « convenu » mais il est déjà là.

  1. Christian Dujols Répondre
    Bonjour à vous et Bonne Année ! Un régal que ces "billets" qui aident les "vieux" .. et certains autres à survivre. Bonne route donc ! que nous prendrons volontiers avec vous. Cordialement. X.D.
  2. Anne-Marie Répondre
    Il ne manquait plus que lui : Bautista. Comme s'il avait besoin d'un apoderado. Il pouvait prendre son père. Et la boucle était bouclée. Mais qui qu'il prend...devinez ! Bien ! Gagné ! Simon Casas. Ben voyons. Le petit monde bien sympathique de la tauromachie. Et même plus de bons Toros pour nous consoler.

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