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Los Maños

Ganadería Los Maños (Santa Coloma par Pablo Mayoral et Bucaré) / Luesia (Saragosse)


Dans le dictionnaire de l’académie royale espagnole un maño signifie un Aragonais. C’est écrit noir sur blanc. Mais d’autres, plus terre à terre peut-être et plus terriens certainement, affirment que les Maños sont les habitants de la province de Saragosse, ceux de Huesca et de Teruel ne se considérant pas comme Maños. Aragonais oui Maños non. Pire ! Un dernier groupe réduit le qualificatif de Maños aux habitants de la ribera aragonaise de l’Èbre. À suivre la ligne officielle du très sérieux dico de l’académie royale, il en irait donc des Maños comme il en va de l’encaste Santa Coloma qui réunit sous son nom des lignages encore marqués — quoique de moins en moins — par la diversité : la ligne Buendía, celles de Coquilla, de Graciliano, et, en allant plus loin, il n’est pas impossible d’y inscrire celle d’Albaserrada. Tous des Santa Coloma au final dont l’Histoire fait remonter l’origine à la création d’une macédoine préparée par le Conde de Santa Coloma au début du XX° siècle ou pas loin avec du Saltillo (ligne Picavea de Lesaca) et du Fernández Peña (ligne Eduardo Ibarra), les deux étant inscrits dans la grande famille des Vistahermosa — certains en doutent pour le Saltillo*. Macédoine préparée donc par le Comte mais affinée ou remixée à partir de 1932 par Joaquín Buendía Peña dont le coup de main fixera pour le reste du siècle l’image d’Épinal du Santa Coloma : petit, gris, rond.
La famille Marcuello est aragonaise et maña et elle élève du Santa Coloma baptisé Los Maños dans une finca prénommée Vistahermosa. Ici, à Luesia, L’Aragón commence à tutoyer les Pyrénées et peut facilement invectiver la voisine navarraise. Les montées commencent à se faire rudes, l’on imagine les hivers rugueux et froids et les voisins se font rares donc discrets. Parfait pour les toros dont le sang provient à l’origine de chez Pablo Mayoral agrémenté en 2007 par un apport Bucaré au moment où Javier Buendía vendit son trésor, en grande partie à Flor de Jara.
José Luis Marcuello mène l’entreprise en homme sage : pour l’instant, le circuit des novilladas piquées lui convient eu égard aux nombreux triomphes des années passées. Les toros de concours (Vic 2016 et 2017) ou les rares exemplaires sortis en 2016 (Teruel avec la cornada mortelle de Victor Barrio) sont encore des exceptions dans sa tête. Il a le temps et veut le prendre. Ses vaches ont de la caste en tienta, reviennent dans les chevilles, chargent sans rechigner et tiennent sur leurs pattes. « Que tranco ! » s’exclame ce torero local qui n’en finit pas de toréer une petite noire même hors de l’arène.
Dans les cercados accidentés et pentus, la camada de 2017 exhibe toutes les variantes d’un sang métissé. Les asaltillados et tocado de pitones déambulent de concert avec des gris plus courts, un blanc costaud ne sortira pas de derrière son arbre, un cardeno oscuro rabote inlassablement un pauvre tronc sacrifié aux humeurs souvent noires de ces bêtes de combat. Alors, en les observant nous observer, Buendías ou Ibarras, Maños ou Aragonais, d’ici ou d’ailleurs, l’on se dit qu’ils ont surtout des tronches à ne pas se moquer ou alors de très loin… et encore. L’on se fait cette réflexion qu’un toro de lidia, c’est autre chose, ça fait peur et c’est unique.


  • Delgado de la Cámara (Domingo) – Avatares históricos del toro de lidia, Alianza Editorial, Madrid, 2003.

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