logo

Mérinos tueurs

Ganadería Merino Gil et Merino Garde (Casta Navarra) / Marcilla (Navarra)


Une ligne haute tension. Trois traits. Derrière, le ciel nickel. Comme en prison. À vingt mètres, le rythme itératif des bagnoles. Qui au sud, qui au nord. Au sol. Une terre châtaigne bouillie. Malaxée, mâchée, remâchée, noirâtre et caillouteuse comme s’il lui poussait des scrofules de pierre. Au coeur. Des vaches navarraises. Curieuses comme des vaches jusqu’à faire quelques pas vers nous, vers l’envers de leur décor, vers les arbres que le printemps déploie, vers l’horizon si bleu qu’il se foutrait presque de leur gueule. Et des mâles. Bas, sérieux, roux. Des mâles qui pataugent dans la châtaigne bouillie, qui s’y roulent, qui s’y grattent les pitons. Un arbre. L’ombre. À l’ombre de la taule. Madiran, tannins, du rouge noir dans le bleu provocant. Pâté, cochon, rires, soleil. Campo. Un autre. Pas de chênes verts, pas de fleurs violettes. Un autre campo. La gueule cassée un peu. Un look Verdun après l’orage, Beyrouth années 1980. Dans le genre. Les mouches hésitent. Même elles. Et ce ciel si bleu, dégueulassement parfait; ce ciel qui ne fait plus pousser aucune fleur, ni violette ni jaune ni blanche dans la bouillie châtaigne d’où nous regardent des toros navarrais. Ils y ressemblent en tout cas. Pâté, Madiran. Auges plastiques. La gueule tous dedans. Moutons dangereux. Mérinos tueurs.

Laisser un commentaire

*

captcha *