Samedi 03 juin 2017 – Vic-Fezensac
6 toros de Dolores Aguirre Ybarra (Atanasio Fernández/Conde de la Corte) pour Paulita, Octavio Chacón et Alberto Lamelas.
21h : une photographie confirme que J.C a récupéré les couilles négociées en matinée. Des couilles de Dolores Aguirre, ça plante un décor, ça doit faire hésiter la fourchette, trembloter le couteau. Les couilles de quel Aguirre ? Sur la route du retour, on se prend à souhaiter qu’il s’agisse de celles du 2 ou du 3 qui furent, de loin, les plus intéressants de l’envoi avec le sixième manso et compliqué. Quitte à bouffer des couilles, autant que les amis ripaillent autour de celles de ce burraco sorti en deuxième position et qui se montra fort et brave au premier tiers. Encasté (mais a menos) en troisième tiers face à un Chacón pas inintéressant mais qui conserve cette tendance pueblerina en fin de faena, suivant les conseils désastreux de son banderillero.
« Ahora, para el público ! »
Ou alors qu’ils se régalent de celles du troisième, muy poderoso au cheval qu’il retourna d’un coup de cou et noble, temple pour un Lamelas à domicile mais bien centré et puesto, donnant de l’air à l’Aguirre quand il le fallait. On oubliera que le président fit tomber un mouchoir bleu incompréhensible à la mort du deuxième et que Lamelas eut cette fâcheuse tendance de vouloir trop en faire — et mal pour le coup — au premier tiers en plaçant ses toros au centre dès la première rencontre. On oubliera aussi le triste et vide Paulita qui ne put rien, ne voulut rien face au gros quatrième qu’un oedème défigurait sur la face gauche de sa tronche. Il n’en fit pas plus à son premier, l’imprésentable colorado dont le corps de gamin mal dégrossi avait trouvé refuge derrière une paire de cornes hitchcokiennes.
Si la corrida d’Aguirre n’a jamais véritablement rompu comme le dit le jargon — malgré le grand intérêt que présenta cette course très desigual de type et de présentation —, reste ce sentiment rassurant que Vic demeure un lieu à part, un bout de terre lointain et protégé de la masse où l’on peut encore voir des toros prendre trois ou quatre piques des plus sérieuses et charger ensuite avec l’envie d’en découdre dans une muleta bien disposée. Dans l’effroyable médiocrité actuelle de la lidia moderne, à l’heure où Madrid ne sait même plus ce qu’est un vrai tiers de piques — le positionnement perpendiculaire des énormes chevaux madrilènes donne la nausée —, quand Nîmes poursuit sa cosmique pantalonnade d’indultite aigüe, quand le public, même à Vic, en est à vouloir offrir des vueltas au premier astado qui prend dix passes en courant, quand on applaudit un piquero qui ne pique pas, quand plus personne ne s’insurge de piques basses, d’estocades tombées, de destoreo total, alors, oui !, les quelques instants de vrais combats entrevus à Vic remuent les derniers lambeaux de notre passion et donnent envie d’y revenir. C’est déjà énorme.
Aux dires des amis, et même sans savoir à quel toro elles furent ôtées, les couilles des Aguirre furent délicieuses. Ça se boit avec quoi ? Finalement, c’est la question essentielle.