Samedi 03 juin 2017. Il pleut sur Vic-Fezensac. Le second novillo de Raso de Portillo est emporté hors du ruedo. Le président de la course est enjoint de venir se rendre compte de l’état de la piste. Il vient de refuser l’oreille au novillero Pacheco. Entouré des cuadrillas menées par Fernando Sánchez, il jauge la piste, hésite, on le comprend, écoute les uns et les autres. Autour de ce groupe se réunissent les édiles du Club Taurin Vicois et les autres, ceux qui n’ont rien à faire là mais qui ne peuvent s’empêcher de montrer le bout de leur nez en toute occasion. Parmi eux se trouve le directeur d’une arène décadente — taurinement parlant — du Sud-Ouest. A priori furieux de cette oreille volée à un novillero, ce directeur de l’arène décadente en profite pour insulter le président de la novillada d’un sympathique « connard » entendu par plusieurs témoins. Classe mais pas si étonnant que cela de sa part, lui, qui, selon nos sources, prêche au sein de l’ACOSO (organisateurs du Sud-Ouest) pour un changement du règlement taurin afin de pouvoir mettre en première position les plus jeunes d’alternative. Pourquoi ? Parce que les figuras refusent d’être chef de lidia et qu’il est plus complexe de les contracter alors. Si les jeunes ouvraient le bal, plus de problèmes, les figuras accepteraient plus facilement de venir dans ses arènes ou dans celles de Mont de Marsan puisque le chef de la commission taurine du lieu semble défendre la même ligne ! Pas étonnant donc ! Il ne sera pas le seul en cette fin de novillada pluvieuse à venir agresser verbalement ce président, un éminent représentant de la presse quotidienne régionale prenant le relais par la suite — le lendemain, dans son papier, il qualifiera la présidence de « présidence de maraude ». Au moins, lui, a-t-il eu le courage de venir en causer les yeux dans les yeux se rassure-t-on.
Ces comportements totalement inadmissibles se multiplient ces dernières années dans nos ruedos. L’oreille n’eut pas été choquante au regard du contexte particulier de cette matinée : pluie, ruedo détrempé, novillo fort et pétri de caste, novillero de second plan, un des rares à avoir accepté de s’envoyer les Raso. Bien. Ceci étant posé, oreille ou pas oreille — la pétition n’était pas non plus ultra majoritaire — il convient de s’interroger sur ce petit et lamentable mundillo local qui perd toute notion de bienséance et de savoir-vivre. Car il ne s’agit pas seulement d’un directeur d’arène mais il convient d’ajouter par exemple à la liste un banderillero connu dans le Sud-Ouest qui, à Saint-Sever, menaça de ses points le même président venu donner conférence. Banderillero finalement assez représentatif de certains de ses compagnons de plata qui, de plus en plus, sont capables de gestes graves à l’endroit d’un président de corrida. Ce fut le cas à Aire-sur-l’Adour il n’y a pas si longtemps où des simagrées évoquant un égorgement en bonne et due forme furent destinées au président de la course pour avoir refusé un appendice à un novillero français.
Quand ils ne hurlent pas derrière leur burladero, quand ils ne demandent pas les oreilles au pied du toro mort, ils menacent, insultent, incapables d’accepter les règles d’un monde qui les fait vivre, gugusses malfaisants et qui donnent de ce monde taurin une image des plus négatives. Il n’en a pas besoin.