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Madrid ressaisis-toi !

Lundi 05 juin 2017 – Madrid
6 toros de Dolores Aguirre Ybarra (Atanasio Fernández/Conde de la Corte) pour Rafaelillo, Alberto Lamelas et Gomez del Pilar.


doloresmadridbartholinDepuis la disparition de la feria de l’art et de la culture après la San Isidro alors raccourcie, Madrid a l’avantage de présenter ses corridas toristas après Vic et nous celui de poursuivre le voyage au-delà des Pyrénées pour plonger dans le grand bain madrilène. Un peu las en deux jours de certaines manifestations du public des arènes du Gers, frondeur à contretemps et triomphaliste sous l’impulsion de membres historiques du CTV, en fait de plonger, il fallut tomber de haut. Isabel avait envoyé un lot de toros de quatre ans relativement léger pour la maison et de trapío discret selon les mêmes critères. Le second, ‘Burgalés II’, clairement anovillado fut protesté à sa sortie en piste, alors que ‘Clavijero’, sorti en dernier suscita la meilleure impression, en raison d’une armure veleta lui conférant l’allure d’un toro de Jerôme Pradet. La course fut atrocement piquée : le dernier sans préméditation en raison de sa mansedumbre encastée et combative au cheval : le picador maladroit, peu aidé par la cavalerie massive et peu maniable, piqua du morrillo à la queue. La plupart des autres massacres occasionnés par les lanciers furent d’atroces exécutions préméditées, notamment de la part d’Agustín Collado au premier et David Prados au second. ‘Guindoso’ ouvrait le bal et reçut deux piques effroyables au milieu du dos dont il sortit moribond et sembla même sur le point d’aller mourir aux planches alors que commençait le deuxième tiers, il se défendit ensuite sur place, démarrant quand une cible se présentait à juridiction, il fut exécuté d’une épée de gendarme. Le petit ‘Burgalés II’ eut droit à une pique dans le flanc corrigée au milieu du dos puis une seconde rencontre où le fer tomba derrière et sur le côté. Quelques sifflets et maigres protestations. Le fameux cri « Picador, qué malo eres » a posteriori n’est qu’une manifestation folklorique qui ne suscita de la part du frère du Fundi qu’une bonne tranche de rigolade. Scandaleux. Que le secteur supposément le plus critique et intransigeant des arènes se pose les questions quant à l’influence qu’il souhaite exercer dans la sauvegarde du premier tiers et de la fiesta en général !
Mal piqués, certains toros gardèrent la tête haute une bonne partie du combat, à commencer par le second.
Chez Dolores ne sortent plus autant de toros aux physique et mœurs rustiques que par le passé, de ceux qui pétaient de défauts, mauvaise éducation et donnaient de l’émotion en piste. Le troisième, ‘Burgalito’ était un toro de triomphe qui aurait volontiers donné ses oreilles à une immense partie de l’escalafón. Le genre à venir et s’arrêter sur commande et à faire là et comment on le lui dit. Un Dolores, vraiment ? Gomez del Pilar le reçut à porta gaiola et sa larga l’envoya paître à deux kilomètres. ‘Burgalito’ prit une pique en arrière pour ne pas faire de jaloux et s’en fut faire une vuelta de campana avant une deuxième pique symbolique. Dès les premières véroniques, il manifesta une noblesse sans malice dans une charge qui ne manquait pourtant pas d’émotion. Gomez del Pilar se laissa tellement aller qu’il en laissa tomber le capote. Son meilleur geste fut sans nul doute de dédier le combat de ce toro au Chano. S’ensuivit une faena prudentissime, parallèle, dans les séries ouvertes, croisé mais pour envoyer le toro à l’extérieur. Bien élevé, ‘Burgalito’ resta docile tout au long de la précautionneuse faena. Laisser passer pareil toro aurait mérité un silence méprisant pour la faute professionnelle et de grands applaudissements à la dépouille pour la clarté du message. Natif de Madrid, le torero vit sa prestation (parachevée par une épée tombée) sanctionnée d’une pétition qui fit tomber l’oreille la plus galvaudée que je crois avoir vue à Madrid. Quelques protestations n’y changèrent rien. Au 6 (l’estampe Pradet), plus compliqué donc, combatif avec de vilaines manières au cheval et répétant avec bien des défauts dans la muleta, les limites du Madrilène eurent tôt fait de nous rassurer, la Grande Porte lui resterait fermée et le peu d’honneur du public madrilène du jour resterait en partie sauf.
Lamelas insista trop face au deuxième préalablement massacré qui se défendit la tête haute puis conclut par des manoletinas dégueulasses et une épée en avant après avoir bien décomposé la suerte pourtant. Il fit naître l’espoir d’une reconnaissance dans son pays avec le 5, ‘Burgalés I’, piqué en deux rencontres et cinq impacts à force de corrections, auquel il sut baisser la main et lier deux séries un peu parallèles et ventajistas mais templées qui firent rugir les gradins. Il ne sut lier sur la suivante et désintéressa définitivement le toro en prenant la gauche. Manoletinas de meilleure facture puis metisaca involontaire engagée et probablement en place et estocade en place dans le haut. Les leçons victoires de Ruiz Miguel portent leurs fruits.
Rafaelillo nous fit le coup habituel de la lidia sur les jambes. Son quatrième, ‘Caracorta’ eut le bon goût de renverser le groupe équestre alors qu’Esquivel lui mettait le fer dans le dos, pardonnez les répétitions indépendantes de la volonté de l’auteur, et de poursuivre un banderillero au point de vouloir lui faire sa fête en contrepiste en tentant d’y sauter. Prenant querencia aux planches, il ne consentit à en sortir que pour mieux y retourner.

Madrid ressaisis-toi !

  1. Anne-Marie Répondre
    Madrid, ailleurs, piques pourries ou assassines. Banderilles idem. J'en arrive à applaudir de mauvais Toros, pour leur faire honneur, parce qu' ils ont été mis à mort honteusement. C'est comme ça.

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