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Pedrazèle de Yeltes

Lundi 14 août 2017 – Dax (40)
6 toros de Pedraza de Yeltes (Domecq par Aldeanueva) pour Rafaelillo, Daniel Luque et Román.


pedrazaPar la bande on apprenait que déjà, en matinée, la chaleur annoncée ce 14 août avait fait bouillir la raison, le sens de la mesure et l’exigence de critères du propret public dacquois : 3 non piqués de Guadaira (Domecq) s’étaient vus récompensés d’une vuelta al ruedo posthume — le concept de vuelta al ruedo pour un non piqué étant proprement incompréhensible en soi. Depuis son ouverture, la Féria de Dax toussotait alors ce 14 août serait son jour ! Le jour où la queue montoise de Juan Bautista serait coupée en tranches par le triomphe grandiloquent de la « Séville française ». Le hasard faisant bien les choses, c’était jour de Pedraza de Yeltes, ganadería chérie des lieux et vendue comme « torista » parce que les Pedraza attention ça aime le cheval et même que c’était le lot de Madrid et même que attention ils étaient costauds et même que !
Rien ne paru pouvoir faire trébucher l’annonce du triomphe grandiloquent et surtout pas le président de la course, M. Cissé, parfaitement aux ordres de la piétaille concernant les changements de premier tiers. La seconde pique encore plantée dans les chairs des toros que tombait le mouchoir blanc donnant ordre aux clarines d’envoyer tout le monde regarder ailleurs. Il fallut que quelques énergumènes s’agacent à voix haute au sixième toro pour que le piquero fut invité à piquer une troisième fois malgré le mouchoir sorti. Par sms, les copains nous racontaient la course vue au travers du prisme de la radio locale et narrée par le très dispensable Pierre Albert Blain qui, une nouvelle fois, s’en prenait à ces aficionados a los toros qui osaient l’ouvrir là-haut dans les gradins, eux qui n’y pompent rien alors que lui, mesdames messieurs, lui, il sait causer dans l’idiome du Quichotte et a la langue la plus longue du callejón — imaginez ! — pour caresser dans le bon sens l’orifice de défécation des organisateurs et des gens bien en vue.
Les Pedraza de Yeltes étaient lourds et sérieux de présentation. Lourdingues même et sans trapío car grandasses et peu dessinés. Du tamaño mais pas de trapío. Du premier au dernier l’attention fut maintenue en piste au cours des trois tiers et l’on peut décemment écrire que la course fut très intéressante à suivre. Très forts lors des premières piques, souvent longuement poussées, les reins mis et la tête fixe, ils baissèrent d’un ton lors des secondes rencontres — de la troisième pour le 6 qui sortit seul de sa troisième dès la pique posée sur l’échine. À la sortie, les souvenirs se focalisaient sur le 4 et le 6, chacun récipiendaire d’une vuelta al ruedo dont on se demande encore le pourquoi du comment ou l’inverse. Le 3, manso fort et plus complexe que ses frères, était proprement oublié alors que son combat fut un des plus intéressants. Il eut la malchance de tomber sur Román, trop vert, trop peu lidiador, trop si peu finalement. Le 4, ‘bello’, était le carretón dont rêvent les apprentis toreros : une machine à charger avec allégresse, bien droit, bien poliment. Alors il chargea la muleta agitée de Rafaelillo et ne se laissa pas déconcentrer par certains passages plus propres au cirque qu’à la corrida. Vuelta al ruedo (certains fous demandèrent l’indulto) pour un toro de deux piques correctes mais dont la lidia fut l’antithèse de la logique : première pique depuis le centre puis seconde à distance plus courte : applaudissements ! 2 oreilles pour Rafaelillo. Public aux anges, fleurs en pluie, mains tendues, culottes en souffrance. Le 6, ‘Brigadier’, s’en vint trois fois au cheval et de loin mais la troisième pique, celle qui confirme la vraie bravoure, se révéla très écourtée par le toro lui-même. Un peu plombé en troisième tiers, il eut la malchance de tomber sur Roman alors que nous aurions préféré le voir face à un Daniel Luque inspiré, patient et pourvu de gestes d’une grande torería toute la course. Vuelta al ruedo pour le toro ! Sortie a hombros de Rafaelillo, Luque et… du mayoral de l’élevage pour une bonne course de toros dont les absents retiendront qu’elle fut phénoménale.
En descendant l’escalier, le sms d’une amie s’achevait par un « vaya mierda  » fort à propos.

  1. guermonprez Répondre
    La troisième pique de Brigadier, sixième Pedraza, a été exécutée -le terme est proprement choisi- avec une pique de tienta.
  2. JABBAR Répondre
    Monsieur Larrieu, vous vous faites du mal à aller voir ces "Pedrazas". N'y allez pas ! Du Domecq, vous êtes fou ! Attention, il y en a un à Saint Perdon !
  3. PRADET Jérôme Répondre
    Au fond, ce que tu résumes là a tout l'air d'avoir été la bonne course de toros que j'ai vue aussi. Alors disons le. Comme je ne suis pas allé aux arenes ce jour -là pour y observer le comportement du public, mais bien celui des Domecq de Pedraza, qui ont le bon goût d'être jusqu'à aujourd'hui , mais à degrés divers, bien lunés lorsqu'ils viennent "chez nous". Force est de l'admettre. Alors oui, j'ai entendu parler de "course de légende" , superlatifs débiles, sucreries lourdingasses, et autres conneries pour ados prepuberes en partance pour leur premier baloche, mais je prefere m'en tenir à un bon moment de Toros. Beaucoup de classe dans ce lot incomplet, un bravoure à plusieurs vitesses, et des démarrages en trombe dans la muleta en répétant ( what else...?), qui' m'ont fait croire qu'il valait mieux avoir chaussé les 18 alu, sous peine de mise en orbite sans garantie de retour. Tamaño? Trapio? je m'accorde le benefice du doute sur cette question, tant je vois la course comme la filmerait un drône. Le poids ne faisant pas le trapio, je peux toutefois confirmer qu'un bon Pedraza, ça pese. En cela, le lot fut conforme à ce qu'on pouvait attendre de sa "presentation". Mr Cissé, moi, m'a surtout donné l'impression d'avoir été lourdement briefé par une CTEM hantée par le souvenir de piques jugées par le peuple "excessives" lors de l'edition précédente, qui anéantirent le précieux Art de Joselito Adame et la dentelle que rafaelillo nous promet (pouett pouettt....). Bref, on pourrait palabrer sans interruption jusqu'à la prochaine presidentielle . Voilà pourquoi Rafelilo, lui demanda cette 3eme pique en depit du mouchoir tombé prématurément. Rafaelillo, à saluer dans son style et ses limites, Luqué, surprenant, et Roman, la tête à Madrid, sans doute.... mais de carretons, moi, je n'en ai pas vu ce jour là. Restons finalement sur la bonne note générale que cette course se doit d'être sanctionnée.
  4. Pene Bernard (El Chulo) Répondre
    Monsieur Larrieu, je trouve votre resena simplement scandaleuse. La corrida était lourde comme de couty ume chez Pedraza, très homogène, brave, encastée et noble.Si vous n'avez pas vu de trapio et de la classe chez ces toros magnifiques , il y a un problème évident de mauvaise foi ou de desiir de nuire ce qui me semble être la seule explication valable.
  5. Anne-Marie Répondre
    Pourquoi tant de haine ? Quelles que soient nos appréciations. Qui peut prétendre ternir un tel site taurin, écrire aussi bien que Laurent et consorts ? Ne crachons pas dans la soupe. Même dans la bouillasse de Domecq. Si nous n'allons plus aux Arènes, fini la corrida. Et bien, pour vous en déplaire à tous, je vais à Nîmes le week-end prochain. Et j'assume.

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