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Petit précis du vomi festif

En cette période d’annonces de ce que sera la saison taurine 2018, en France et ailleurs, les sujets prompts à être débattus entre aficionados ne manquent pas au point que sur les réseaux sociaux le cours de l’incontinence verbeuse gagne chaque semaine plus de points. Comme d’autres mais en interne, les membres de Campos y Ruedos ne manquent pas de commenter, supputer voire critiquer ce qu’Aplausos et Mundotoro livrent d’informations « essentielles » sur la temporada à venir. Et comme chez d’autres, l’annonce des cartels de la Feria pascale d’Arles fut, chez nous, largement discutée en une demi-douzaine de messages (pour 4 ou 5 participants) n’excédant pas les 30 caractères chacun. Engouement quand tu nous tiens !
Pourtant, hier soir, en pleine préparation d’un plat de pâtes à la carbonara, spécialité à propos de laquelle se déchirent les historiens quant à l’origine, notre débat interne prit une tournure un peu folle en conséquence de quoi vous avez la chance de lire ce post aujourd’hui. Sans entrer dans des détails trop techniques que la majorité des Béotiens que vous êtes ne pourrait saisir à leur juste mesure, il s’agissait de savoir quel était le plat le plus propice au vomi festif. Car vous conviendrez qu’à partir du moment où il devient évident que personne (parmi nous) ne se rendra aux arènes durant la Feria de Pâques, il semble aller de soi que ce temps-là sera dédié à écluser l’équivalent d’une colonne de style dorique ou corinthien de breuvages divers, variés et colorés. Prévention oblige, il fut donc débattu âprement du plat idéal à gerbouiller en fin de soirée dans les ruelles noyées de pisse de la cité romaine. Le sujet n’est pas à sous-estimer dans le cadre de ce genre de bacchanales car un vomi mal embouché peut gâcher une soirée ! Ainsi, au terme de nos fructueux échanges et après nous être entendus sur la capacité d’El Fandi à produire les mêmes effets qu’une hierba fluorescente et démoniaque, il fut acté que les pâtes carbonara ou la salade de riz étaient les plats sinon parfaits du moins les plus adaptés à un vomi peu douloureux et sans conséquence à long terme. Les pâtes carbonara ou la salade de riz se dégueulent facilement et le contenu qui éructe de votre bouche dans un râle d’orignal tuberculeux conserve peu ou prou l’aspect qu’il avait avant d’y entrer (dans votre bouche). C’est donc propret, ça se pose là sans chichi et à deux ou trois détails près, on en (re)mangerait. En revanche, et nous sommes tous d’accord, il convient d’éviter absolument les frites ! Le gerbis de frites est un désastre et votre fond de gorge vous en voudra pour le reste de la soirée et même après. Soirée gâchée donc ! La frite s’expulse par petits morceaux dont certains demeurent coincés dans le haut du larynx obligeant à racler sans cesse et rappelant à ceux qui l’ont vécue l’expérience désagréable du résidu pileux impossible à expulser après avoir dégusté une tarte à l’abricot.
Préférez donc les plats à base de riz — ça tombe bien à Arles — ou de pâtes. En ce qui concerne les boissons idoines pour un vomi humanisé, l’on déconseille le gros rouge qui, en se répandant sur vos chaussures ou sur le t-shirt de vos collègues dégoutés de devoir s’occuper de vous plutôt que de la cagole locale à l’abricot tout glabre, vous donnera le sentiment d’être atteint d’une maladie jusqu’alors inconnue si ce n’est dans les films de Tarantino où l’hémoglobine ne coûte pas cher. Last but not least — certains parmi nous tiennent absolument à en causer — le gros rouge est une infamie de dimension spatiale pour le premier caca du matin. L’expression est connue, « lendemain de fête, caca qui fouette », mais avec une macération nocturne au gros rouge, il ne fouette plus : il assassine, il dissout, toi tu dis stop, lui il destope.
Nous espérons que ces conseils, précieux s’il en est, saurons vous éviter de faire des conneries pendant la Feria pascale d’Arles 2018. Pour ceux qui auraient à dégobiller dans les arènes durant une course, par exemple au moment où Juan Bautista va indulter un toro de son pote El Juli, il est nécessaire de se concentrer pour être discret et pour rester digne. L’idée est de ne pas déranger le clampin qui pense que c’est ça la tauromachie. On peut par exemple retirer sa godasse pour en faire un réceptacle que l’on videra en sortant. Les chaussures montantes sont conseillées en cette occasion rare mais possible.

Illustration : l’affiche d’Arles 2018 vue par le très bon Gorafición @ Gorafición.

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