logo

Barcelone

Sous les arcades désertes, l’affiche est de plus en plus pâle, fanée par le temps qui passe…
Au-dessus du toril, sur le vieux panneau de bois, la peinture s’écaille, les lettres sautent les unes après les autres…
A Barcelone, entre les quartiers de l’Eixample et de Poblenou, la « Monumental » a des airs de plus en plus tristes, une lente façon de se décatir à l’écart des bruits du bas-monde. Sous le toit, au sommet des gradins vertigineux, les oiseaux ont maculé les derniers rangs que plus personne ne balaie.Tout en bas, on devine que d’autres ont également pris l’habitude de pisser dans les coins…
Depuis qu’en juillet 2010 le parlement catalan a voté l’interdiction des corridas, la dernière course à être sortie sur la piste de la « Monumental » barcelonaise remonte au dimanche 25 septembre 2011, pour une corrida d’El Pilar lidiée par Juan Mora, Serafín Marín et José Tomás…
Depuis, cet immense vaisseau a des allures fantomatiques. Même le petit musée attenant risque bien de fermer ses portes…
Le gardien, qui s’assoupissait au pied d’un petit radiateur électrique en attendant que je finisse de contempler les habits de lumière très anciens juchés sur des mannequins grotesques aux perruques filasses, va bientôt prendre sa retraite… Sa femme, qui est de Valence, se languit de lui…
Cependant que la nuit tombait, avant de replonger dans la ligne 2 du métro pour rentrer à Paral-Lel, j’ai poussé la porte du bistrot d’en face, la « Bodega Monumental », où l’on n’a pas honte d’avoir la mémoire longue…
Dans ce bar antique, que Nicasio Paré avait fondé en pleine Guerre Civile, le Vermouth, « el de la casa », m’a accompagné jusqu’en début de soirée, tandis que derrière les réverbères, la « Monumental » s’effaçait dans la nuit…

Nicolas Rivière.

Laisser un commentaire

*

captcha *