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Indulto en deux textos

Le plus terrible est probablement de ne pas aller aux arènes et de n’en concevoir aucune frustration… croyais-je. De la feria de Séville, je vois surtout les photos des copains, je n’en lis qu’Ilian, qui a le talent contraint de la concision, je n’ai guère de curiosité. Mon ami Patrick m’envoie le SMS suivant :
Chèvre graciée par le Juli. Je ne pensais pas que nous tomberions aussi bas… j’ai honte d’avoir assisté à cela.
« Oula » de demie-surprise (on ne chiade pas trop sur les portables…) puis quelques paroles de réconfort quant au fait qu’il ne serait pas assimilé par ses amis au respectable sevillan qui à l’heure qu’il est doit sortir des arènes avec la conscience légère de qui a l’impression d’avoir fait avancer l’humanité.
On la voyait venir… ! Il avait déjà au premier borrego coupé deux oreilles après un Julipié d’école.

Le plus terrible n’est donc probablement pas l’indifférence qui gagne, le plus terrible est probablement ce sentiment de solitude au beau milieu d’un public dont on a longtemps envié le coup d’œil.

Alors, Julipié ou grâce ridicule ? Voilà le genre de chantage qu’il est agréable de ne pas avoir à subir.

Les antis, ce croque-mitaine pour gogos… s’ils existent vraiment et qu’ils finissent par prendre la place, n’y trouveront tels Napoleon à Moscou qu’un champ de ruines fumantes. Le Juli, Séville ou la politique de la terre brûlée.

Frédéric Bartholin.

  1. Cauriense Répondre
    Effectivement un grand sentiment de solitude... L'impréssion d'être un dinosaure face aux hordes de Palmeros choqués de voir qu'il existe encore des gens qui ont une opinion , qui attendent de la caste et des tercios de piques... Qui reste sceptiques au lieu de célébrer la tarde du siècle qui a maintenant lieu toutes les 3 semaines.....Quel honte de voir quelqu'un incapable de célébrer ces puertas grande historiques que l'on a oublié le lendemain.... Quel horreur de voir quelqu'un ose se poser la question de pourquoi ont passé 46 ans entre l'indulto de Laborioso et celui de Arrojado....puis soudain 3 indultos en 7 temporadas ....
  2. Luz Répondre
    L'évolution de la tauromachie se fait aujourd'hui dans le sens du spectacle à succès. Avant cette dérive, flagrante à nos yeux d'aficionados, c'était simplement un spectacle anachronique. A coup de Casas et d'esmokin à Istres, les organisateurs lui font combler son retard et l'on peut entendre un Casas qui n'est ni fou ni sot, après l'indulto minable qu'il a sûrement lui-même programmé, dire que l'on y gagne en humanisme, que ça doit être pas trop fréquent mais quand même. Que ça cloue un peu le bec aux zantis. Pour nous vendre un concept : la corrida va devenir un spectacle beaucoup plus digne, avec un possible happy end ! Eh oui, on va en extirper les éléments les plus tragiques, on va masquer davantage la symbolique, on va "nettoyer" le combat. Le toro à venir sera un figurant utile, entouré de la pacotille qui fonctionne pour les émissions de téléréalités. On y mettra du flamenco, des chevaux qui font des saluts en levant l'antérieur, glissent vers la sortie au trot passager, tout ça. Du toro, on ne gardera que la présence physique et sa robe sombre. Le toro va traverser le 21 e siècle comme une ombre, et en sortira indulté. Puis il sera sorti tout court, deviendra légendaire. On montrera la tête d'Islera aux petit-enfants. C'étaient les loups. C'étaient les ours. On a crié, on a pleuré. C'était avant.
    • Murcielago Répondre
      Merci Luz pour ce beau texte.

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