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Bella ciao

Samedi 19 mai 2018 — Madrid
Corrida d’Alcurrucén (Nuñez) pour Curro Diaz, Joselito Adame et Juan Del Álamo


– C’est ici ?

– Non, c’est encore au-dessus. Faut suivre andanada.

– Pffff. C’est pas rien ici de rejoindre sa place.

Ici, c’est Las Ventas. The bullfight ring of Madrid. La plus grande arène d’Europe, 25 000 places assises, bar à tous les étages, chiottes itou, une station de métro à son nom, deux ou trois bus de Japonais guidés chacun par un petit fanion bleu, ses peuples autochtones un rien décatis, ses hurleurs inusables comme tirés de l’hôpital psychiatrique le temps d’une course, son ciel voilé, troublant et sa musique de murmures, de rumrum et de miaou miaou. Revenir à Las Ventas. Des semaines avant, on serait prêt à s’y payer la dernière fange de Domecq Solís et à y subir le destoreo le plus vil.

Même vus depuis le ciel des andanadas, les Nuñez d’Alcurrucén étaient sérieux dans une présentation pourtant sans homogénéité ; homogénéité cependant rattrapée par un caractère identique du premier au dernier : des boeufs. Des mansos au sens propre du mot ! De ces mansos à oublier dès la redescente des marches parce que fades, parce que décastés, parce que sans rien à l’intérieur. De la viande, des cornes, pas l’once d’un tempérament, d’un soupçon de caractère, d’une goutte de poétique tragique. Nothing in the ring. Face à eux, un Diaz volontaire au premier, distillant ça et là quelques joliesses de son cru, un Del Álamo en vacances d’envie et pour finir un Joselito Adame que nous nous souhaitons de ne plus voir tant sa conception du toreo rime avec le mot périphérique. Autour des villes, le périphérique tourne en rond mais chez lui il tire droit comme une règle pour filer vers nulle part. Une oreille demandée par la majorité folle après un bajonazo d’école. Depuis le ciel des andanadas, le miracle de Madrid n’a pas eu lieu.

En quittant la M30, en route vers le nord, on a chanté Bella ciao. Ça tombait bien.

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