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Cousinade negra

Dimanche 22 juillet 2018 — Saint Vincent de Tyrosse
Corrida de 3 Miura (4, 5 et 6), 1 Fernando Pereira Palha (1) et 2 Palha (2 et 3) pour Fernando Robleño, Arturo Macias et Alberto Lamelas


Le jour naissait dans un cri muet mais de joie. Le beau temps était là, l’été enfin ! Il pleuvait des sms. « Tu vas être content ! Un Fernando Pereira Palha à Tyrosse ce soir ». La mort dans les corrales d’un Palha de l’autre côté de la route là-bas à Porto Alto avait parfumé les fraîcheurs d’un matin encore jeune d’une fragrance de laquelle s’exhalaient l’espoir, la joie et ce soupçon de nostalgie qui rend les choses de la vie plus savoureuses finalement, émouvantes. Il s’appellerait ‘Romeiro’ et il serait negro. Une blague. Un Fernando Pereira Palha noir. Un seul, l’unique, le survivant et il serait noir.
Il était beau et ensellé, plutôt fin de type dans un style beaucoup plus parladeño que Veragua et il était noir. Un noir parfait sans anicroches. Les couilles même étaient noires, les deux, le ventre était noir, l’oeil droit comme l’oeil gauche étaient noirs. Le negro absolu venu d’un élevage de toros jaunes et rouges et blancs et beiges. ‘Romeiro ‘ prit trois vraies piques en allant a menos (il sortit seul de la troisième rencontre) et Fernando Robleño ne fit rien pour s’approcher de trop près de cette étude de Soulages. Pastueño certes, le Pereira Palha s’endormit lentement les yeux noirs plantés dans une muleta lointaine et qui ne voulait pas jouer avec lui. ‘Romeiro’ est mort précisément à l’endroit où le soleil et l’ombre refusaient chacun de céder. Il est mort au milieu, pas de jaloux, un peu dans le noir, un peu dans le jaune. On ne renie pas son créateur. 

Cousin de ‘Romeiro’ mais de loin, ‘Pinta Preta’ de Palha (Folque de Mendoça cette fois) fut le toro de l’après-midi — trois rencontres avec envie puis une caste facilement débordante en troisième tiers — même si dès avant que ne se vident les arènes Marcel Dangou refaites à neuf cet hiver, il se murmurait que les Miura avaient « gagné » le défi. S’ils furent intéressants parce que Miura de comportement en troisième tiers les 5 et 6  — un brin retors, la tête chercheuse pour le 5, des retournements de chat— , il ne démontrèrent rien au premier tiers si ce n’est pour certains de la faiblesse. D’aucuns avancent alors que le Miura n’a jamais eu de poder au premier tiers et mieux vaut donc se boucher les oreilles car il fut un temps où le Miura entretenait avec le groupe équestre une relation plus explosive et spectaculaire. On rappellera certaines courses arlésiennes des années 1980 et 1990, d’autres pamplonaises, bayonnaises ou bilbaínas au terme desquelles chacun quittait les arènes lessivé et courbaturé. Là, à Tyrosse, non ! Lamelas laissera le souvenir de son envie et de son goût pour la bagarre, que ce soit avec le Palha ‘Pinta Preta’ ou le difficile et sérieux Miura qui clôturait le bal. Robleño s’est régalé d’un Miura gentil comme un Domé et dont la corne gauche était de l’or en barre.

Pas une minute d’ennui, du toro, des hommes, un peu de tout.

On regrettera tout de même, et le regret est d’ampleur, certaines cornes endommagées — mention spéciale au cinquième de Miura qui gâche la présentation plus que correcte de ses deux frères — et la pratique quasi systématique (4 toros sur 6) établie par les piqueros — mauvais ce jour — de monter leur puya à l’envers.

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