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Tu reviendras

Dimanche 05 août 2018 — Parentis en Born
Novilla de 3 Couto de Fornilhos (Atanasio Fernández) (1, 3 et 5) et 2 Santa Teresa (Guardiola Soto) (2,4 et 6) pour Juan Carlos Carballo, Carlos Aranda et Jesus Mejias


À Frédéric Bartholin,

Peut-être as-tu lu ce texte un jour. Un bijou de Maupassant qui décrit son arrivée au Creusot dans les années 1880. Une ville industrielle noircie de poussière de charbon. Le noir partout, éprouvant, étouffant jusque dans les énumérations métaphoriques qui coupent le souffle. En sortant de la voiture, j’ai pensé à toi. L’énorme usine qui accueille l’aficionado à Parentis donne le sentiment d’un monde figé depuis des lustres, englué dans un noir inquiétant sous lequel des vies ont passé et se sont échinées à faire grandir les gamins et à leur donner à manger. Au loin, mais pas trop, le château d’eau blanc peint de toros est la seule concurrence de verticalité à des kilomètres à la ronde. À ses pieds, le rond d’une arène vers laquelle viennent de bon coeur les aficionados a los toros parce que l’histoire taurine de Parentis en Born s’adresse avant tout aux aficionados a los toros. Je ne sais pas si la terre fait les hommes mais j’y crois un peu. En observant la lande infinie quelques kilomètres plus bas dans un rare vide de pins, il n’était pas difficile de s’imaginer la rudesse de cet univers que Zola surnommait le désert. Du rien à perdre la vue, du plat jusqu’à l’horizon, des armées de moustiques, de l’eau qui stagne, des cris la nuit et des hommes rudes parce que pas le choix. Les photos d’Arnaudin le disent un peu, les toros de Parentis le racontent encore. Ici on a vécu dans le dur et des toros on aime les costauds, les roides, les qui font pas rigoler. Oh, je sais que tu le sais. Tu aimais venir à Parentis. Tu reviendras.

Hier, les trois Couto de Fornilhos d’origine Atanasio Fernández ont rendu hommage à l’esprit des lieux. Ne lis pas la presse régionale ce matin, tu serais mal informé. Je l’ai lue moi, fais-moi confiance. Les Couto furent Atanasio dans l’âme et la parure. Sérieux, costauds, avec du poder au cheval. Ils y allèrent tous au moins trois fois — il est à noter et à relever le sérieux de la place en ce qui concerne la volonté de bien faire exécuter le premier tiers— et pas toujours dans un style de grands braves — le second Couto se révéla même un superbe manso fuyard sur les deux dernières rencontres. Le cinquième, un toraco, joua avec le cheval comme les toros ont le goût de le faire avec une botte de paille lors des débarquements. Dans le chahut d’une lidia catastrophique, il accrocha le monosabio aux planches qu’il protégeait comme une mère ses gosses. Et comme il était costaud, qu’il en voulait et que le piquero était vexé de sa chute, l’on assista à une exécution honteuse sous les sifflets du public — à noter que l’autre piquero d’Aranda se comporta de la même façon avec le Santa Teresa sorti en deuxième position. Il résista au troisième tiers mais son allant était brisé et la tauromachie catastrophiquement périphérique, lointaine, tricheuse de Carlos Aranda ne fit rien pour arranger la sauce. Mis à part Carballo à son premier Couto encasté, les novilleros furent lamentables : Aranda est un tricheur et Jesus Mejias (qualifié du matin ???) un sympathique practico incapable de réaliser une passe du début à la fin sans reculer. Ses toques sont dignes de ceux d’un enfant de 5 ans, il descabelle avec la même précaution qu’un chat met la patte dans l’eau froide. Un pensum qui nous priva de la lidia du manso de la soirée demeuré inédit. 

Je ne veux rien t’écrire sur les Santa Teresa, ils furent mauvais et pour le quatrième, invalide. 

Les rires de la banda se sont tus, les gradins remplis à moitié se sont vidés. La lande au pieds noirs striée par les pins lointains se couche inondée d’un soleil rouge. L’image est belle.

  1. jose Répondre
    Merci Mr LARRIEU pour vos resumés ca nous change des resumés coup de langue du MIdi libre Beziers par exemple. Merci encore

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