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Pâques discrète

Parfois on se fait avoir. Un brin complice, c’est ainsi et cela fait plaisir aux copains narquois. À la publication des cartels, on ne pouvait que saluer l’initiative de l’empresa de ne pas contribuer à l’inflation de l’immobilier arlésien après avoir fignolé un machin aux petits oignons, à base de Ponce, de Garcigrande, de retour que t’y crois pas et pour tout argument vaguement sérieux d’un point de vue Toros, un cartel du lundi mêlant Torrestrella, Joselito et Pedraza : appelez ça comme vous voulez mais pas torista.
Et paf ! L’accident bête, le genou d’Henri Premier de Valence dit « le Kitsch » qui lâche vers la rue de Xativa et l’arrivée de Morante qui vient donner un regain d’intérêt au cartel du samedi (sauf pour ceux qui décident d’en faire le seul torero votant Vox du mundillo actuel). Allez, toros imprésentables ? Du haut du dernier rang, on mettra ça sur le compte de la distance. Claire a oublié ses jumelles, on a du mal à apercevoir les protubérances du frontal qui tiennent lieu de cornes. Morante vient mettre son petit pétard malgré quelques détails : deux véroniques belmontiennes au premier toro et une entame de faena empreinte de torería au 4. Rideau. Grosse côte d’indulto sur le 2 qui s’engouffre dans les leurres dès les premiers tiers, notamment à gauche et Manzanita en chambre de départ, on y croit mais pas trop le toro, malheureusement pour lui, qui s’éteint en fin de course. Le 5 accuse quelques défauts qui ne permettent pas la mise en branle automatique du cirque Alicantin élégant, périphérique, giratoire, sans toutefois sombrer dans l’écueil de faire planer le danger. 1 oreille au 1, Grande Porte syndicale en ligne de mire, Jose Mari fait bien le job et finit par convaincre le toro de s’y mettre. Recibir de la maison, deux oreilles à la décision et au professionnalisme. Alvaro Lorenzo, euh ?

Dimanche matin, digestion difficile et entrées maritimes. À la boutique éphémère mère des passionnés, il est 10:57 et on décide d’y aller quand même. En place pour la fin du paseo. Six novillos français pour six novilleros français, on a vraiment peur de rien ! Programme imprimé dans le désordre, pas de sorteo, j’ai vaguement suivi qui avait toréé quoi. Tibo Garcia bien à la cape et tirant ce qu’il put d’un François André gris très clair de peu de charge. Maxime Solera montra tant un novillo du Lartet chargeant sans trop d’idée, de style ni de décision de très loin qu’il coupa une oreille et fit tomber un mouchoir bleu débilissime. Estocade sans muleta, cabriole et épée tombée. Prestation très professionnelle pleine de bonnes intentions mais sans grand style.
Baptiste Cissé fit preuve d’autant de goût dans sa faena que son homonyme Djibril à l’heure de s’habiller pour un dîner en ville. Abus de pico en sus. Long et pénible.
Carlos Olsina est Biterrois et torée beaucoup le public, il a bien dû couper une oreille. Deuxième défection d’amis préférant faire l’apéro, je localise encore quelques copains et continue mon tour d’arène quand sort le novillo de la matinée portant le fer de Malaga de la famille Callet. Sérieux et exigeant, il échut à Rafi qui démontra qu’à l’heure de mettre une pièce sur l’avenir, il devançait largement ses compagnons de cartel du jour. Le novillo collait mais le jeune nîmois s’en dépêtra fort bien et put mettre à profit la personnalité intéressante de son adversaire. Labeur pas dépourvu de scories bien sûr, mais nouvelle preuve que le petit a de la technique, du courage et connaît pas mal de ficelles déjà. Oreille et vuelta au novillo (Ben voyons). Adam Samira concluait la longue matinée (on le craignait) par son entrée dans le monde des chevaux. Peu de critères, vert et beaucoup de pico face à un novillo volumineux mais vilain.

Le temps d’aller nettoyer les souvenirs de la soirée de la veille et retour aux arènes pour nous et Antonio Borrero ‘Chamaco’, hors de forme et accusant un gros coup de vieux. Le phénomène novilleril des années 1990 fut salué par une grande clameur et invité à saluer à l’issue du paseo. Prestation discrète et prudente au 1 dans le silence bienveillant d’un public qui comprit bien vite que la ligne était souvent difficile à franchir. Au 4, prestation plus électrique, brouillonne (quoi qu’une paire de passes en entame de faena avaient donné un peu d’espoir), voltereta en prime, épée chanceuse à la va comme je te pousse et incroyable oreille surpassant en pathétique ce à quoi on venait d’assister. Président tout content de sa connerie. Vuelta fêtée après avoir eu l’élégant à-propos d’abandonner l’appendice.
Trop facile pour Castella… deux opposants sans personnalité, deux faenas précises sans grand intérêt et dépourvues totalement d’émotion. Épée spectaculaire au 5 qui déclenche l’ovation du public avant même de regarder l’emplacement (desprendida, rien d’affreux). Délire lors de la mort foudroyante et hémorragique. 2 oreilles obtenues par un public qui voulait sa Grande Porte probablement… pas d’autre explication, puisque rien jusque là ne semblait avoir soulevé l’enthousiasme.
Perera montra son cul au 3 tant qu’il put, le faisant passer devant derrière, à genoux, autour etc. 200 passes de dressage à un animal gentiment con-con… 2 avis. Oui ce fut très long. Les échos qui me parvinrent du 6 font état d’un numéro encimista approchant les quinze minutes réglementaires que je suis content de m’être épargné. À la journaliste de TF1 qui demandait à mon voisin ce qu’il aimait dans les corridas, j’aurais été bien en peine de répondre quoi que ce soit devant pareil spectacle.

Mais que Diable étais-je allé je faire dans cette galère ?!

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