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Chui allé voir Luque

Mercredi 14 août 2019. Bayonne
Seul contre six de Daniel Luque.

Texte et photo signés de notre ami François Sourbié, autrefois (toujours peut-être ?) surnommé ‘El Tito’. Merci à lui


Je n’ai jamais été fan de Daniel Luque. Je l’ai vu quelques fois du temps de sa (notre) jeunesse, et il ne m’avait à vrai dire jamais fait vibrer. Quand j’ai découvert l’annonce des cartels de Bayonne au travers sans doute d’un clic sur un lien facebook vers un site taurin bien informé, ce seul contre 6 m’inspira peu. Et pourtant, chui allé voir Luque…

Alors pourquoi ?

A vrai dire je ne sais pas trop… c’est vrai qu’il désoreille (entre autre) tous les bovins passant sous sa flanelle depuis quelques temps mais ce ne peut être la seule raison. Tous les collectionneurs de lobes m’attirent peu à vrai dire, mais chui allé voir Luque…

J’ai croisé un voisin ami, grand aficionado, le week end dernier qui m’a dit : Luque a changé il est grand beau fort et torée comme un Dieu. Je lui rappelais mon aversion pour son toreo « crouchit » (que l’on pourrait traduire par courbé pour les non gasconophones), mais il m’exhorta, avec une pointe de regret de ne pouvoir m’accompagner, à faire le déplacement vers Lachepaillet. Sans remettre en cause son afición, je doutais néanmoins de ma capacité à poser mon séant pendant 2h30 pour me cogner du Luque, car nos goûts en matière taurine diffèrent franchement et sont même aux antipodes les uns des autres. Alors pourquoi ? pourquoi chui allé voir Luque ?

Et puis merde pourquoi aurais-je à me justifier ?! chui allé voir Luque et puis c’est tout. Il faisait bon, il n’y avait pas de vagues, j’adore le bleu, les goyesques, j’étais tout seul et je me faisais chier… STOOOPPPP….. Je me justifie encore.

Chui donc allé voir Luque, et puis alors, c’était comment ?

Son premier Torrestralla plus violent que brave renversa la cavalerie, puis Daniel enroula la charge dans une faena toute en rondeur laissant paraître sa jolie ceinture et un poignet élégant. Une estocade dans les règles et en place me firent même agiter un mouchoir ! Putain j’ai demandé une oreille pour Luque… j’ai donc bien fait d’aller voir Luque, Na !

Enfin c’est ce que je croyais jusque-là. Un peu plus tard même, jusqu’à ce qu’il nous serve la même faena au Pedraza suivant, un peu plus exigeant dans sa charge, qui finit par le bouffer lui et son destoreo sur les deux dernières séries. Au Puerto de San Lorenzo sorti en 3eme, pour qui avancer semblait un gros effort, il arracha quelques lignes droites à droite. Le 4eme du fer de Torrestrella chargeait à mi-hauteur, et ça, Daniel n’aime pas. Quand il s’agit de toréer et de soumettre, Dani, il déteste. Enfin, on ne sait pas trop, il ne tenta même pas. Pourquoi chui allé voir Luqueeee…. ?

Il fut bien plus à l’aise, caressant de sa flanelle les jarrets d’un Pedraza de 633 kg, pourtant protesté (légèrement) pour un défaut de vision (?) , lors d’un ballet de  ½ « passes »au fil des planches, de la porte du toril plus exactement, le Pedraza avançant au ralenti, d’une noblesse niaise. Il avait pris 3 piques et renversé 2 fois le centaure, ceci expliquant le mouchoir bleu. Luque nous servit ses indispensables Luquesinas et basculera pour une entière. La mort fut longue, longue, mais sentant le triomphe monter, il n’alla jamais chercher le verdugo. Il est plus facile de théâtraliser l’agonie du cornu que de porter un coup de descabello concluant. Chui allé voir Luque

Le dernier du Puerto de San Lorenzo fut renvoyé pour une corne cassée, et remplacé par un de ses cousins de la Ventana del Puerto, pas le toro de l’année c’est évident, mais peut-être pas inintéressant. Son malheur fut d’être arrivé en dernière position d’un seul contre 6 face à un Luque (d’accord chui allé le voir et je n’étais pas obligé), qui avait déjà coupé toutes sortes d’appendices et qui en plus de son profilage, se fit accrocher la muleta sur chaque tentative de passes. Une épée basse… 

Salut Baiona pour conclure, Daniel nous aime et reviendra. Tout le monde chanta, tout le monde descendit les étoiles dans les yeux.

Je regagne ma voiture tout en me demandant ce que j’étais allé foutre là-bas. J’ai la nausée, j’envoie mon ressenti par sms, on me conseille le Primpéran. Je suis déboussolé, je n’ai plus aucune certitude en matière taurine, mon voisin avait sans doute raison Luque c’est le meilleur. J’ai pourtant du mal à me résigner.

Aidez-moi s’il vous plaît, la corrida c’est pas ça ? Si ?

  1. Chauché Répondre
    Chui pas allé voir Luque à Bayonne mais j’ai adoré vos piquantes impressions.
  2. Anne Marie Répondre
    Ah... la corrida. Si l'on pouvait l'expliquer à tous les ignorants. Bon, il y a du boulot. Et bien moi, un pote m'a dit, tu as vu Luque ? Ben, j'ai dit non. Ben t'as vu quoi ? Ben j'étais à Saint-Gilles. Ben t'as vu quoi ? Ben, rien... Ben quoi rien ? Ben rien. Pas de Toros, pas de piques, même un, rien du tout. Bon, ben rien. Bon, pas de bol. Ouais, pas de bol. Mais à Saint Gilles, ils aiment la corrida. Moi aussi. Mais bon. Une autre fois. Ah si je pouvais tout vous dire....

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