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Morante ou le naufrageur du Port

Morante et 6 Prieto au Puerto : rêverie celeste, contemplation templée de la chute et impact apaisé.

A tête reposée, froide et fort de l’évidence du compte rendu, nombreux sont les échos laissant deviner l’ombre d’une certaine satisfaction suite à l’échec « sans palliatifs » de la corrida de Morante au Puerto de Santa Maria. Échos de la part de certains absents : aficionados prudents, lucides ou désabusés, de conjoints délaissés et on l’imagine d’une bonne partie des compagnons habituels de Morante trouvant dans ce désastre le réconfort de la certitude renforcée du chemin à 1 encaste et 5 fers sur lequel ils avancent depuis de nombreuses années.

Il n’en reste pas moins qu’à l’instar du solo de Fandiño à Las Ventas en 2015 (dans un contexte de carrière bien diffèrent), la corrida du Puerto permit aux aficionados de rêver deux semaines durant de corrida « à l’ancienne », de faenas courtes et puissantes, de suertes, quites et galleos disparus et pourquoi pas de poses de banderilles. Las, seule la première promesse fut tenue : le sixième toro arrastré à 21h57, moins de deux heures après l’ébranlement du paseo, malgré le retard pris lors du changement du cinquième toro. Morante quitta alors la plus grande piste d’Espagne sous une bronca légitime mêlée aux applaudissements de ses inconditionnels trouvant probablement dans la déroute la fortification de leur foi sans condition. Attitudes conformes. Le lot de Prieto de la Cal n’offrait pas grand chose et Morante, résigné, ne fit rien pour sauver la corrida du naufrage. Sur le précieux radeau des gradins des magnifiques arènes portuaires le public chambrait pour la forme, rivalisant d’originalité dans le verbe pour ajouter au pittoresque de la situation : les courses de Morante ont un standing de lazzis inspirés à tenir. Toro après toro, l’équipage contempla donc sa propre chute, voyant passer les étages respectifs de l’édifice, défiler les paliers de décompression, s’obscurcir les abysses. Le solo finit par toucher le fond rejoignant les épaves de nombreuses autres corridas solitaires du torero de la Puebla. Sans panique aucune, tout se déroula dans la résignation la plus placide. Apathique à la barre, Morante orchestrait la soirée de détails baroques, désuets et pathétiques : arrivée en calèche, costume original, montera ancienne, mise en scène du hachazo supposé de l’exsangue troisième, bras droit systématiquement armé « de vrai » dès les entames de faenas face aux Prieto. La grande fausse note de ce naufrage endimanché fut le remplacement du cinquième Prieto pour un motif qui me reste à cette heure inconnu (arrière-train ankylosé ?) par un Parladé bien plus invalide auquel le torero de la Puebla tenta vague et vainement de donner une faena. L’on se rendit alors compte que muleta en main on n’avait pas encore vu un seul toro « passer » comme ce siècle l’entend. Le Parladé se coucha de lui-même, alors que Morante allait à la barrière changer sa seule épée factice de l’après-midi, rappelant ainsi l’inanité récurrente des corridas de vedettes actuelles. Tomas Prieto de la Cal avait alors délaissé son siège et la Marquise, immobile au dessus du toril en compagnie des commentateurs radiophoniques.

Si des pilleurs d’épaves la repêchent un jour, la boîte noire de la galère andalouse livrera à peu près les éléments suivants : six toros de Prieto de la Cal d’âges et de corpulences divers, jaboneros à l’exception du 4, décastés et sans allant en général reçurent invariablement 2 ou 3 piques sans s’employer. Le 5eme fut remplacé sans raison patente par un Parladé parfaitement invalide. Morante de la Puebla, ne posa jamais les pieds face au 1, qu’il jaugea et expédia après qu’il eut secoué trois fois le banderillero assurant la brega. Le 2 l’avertit à gauche au capote à la première véronique « posée » scellant ainsi son court destin : début de faena par aidées par le haut pour les photographes, rapide avertissement du toro. Le faible 3 tentait d’accrocher le leurre en fin de passe se condamnant ainsi à 3 piques, une exposition démonstrative de ce défaut par les forces taurines en présence et une mort rapide. Le 4 présentait la particularité de la noirceur de robe et de la sortie la plus animée de la course, débordant Morante au capote, il eut le privilège de voir sa mise en suerte assurée par l’un des sobresalientes. Le 6 eut le malheur de clore les débats une fois la chose entendue et le désastre consommé, Morante fit vaguement semblant au troisième tiers. 1 lame au premier, 1 pinchazo et 1 lame diversement habiles aux suivants. Public enthousiaste, compréhensif puis frustré ne commençant à siffler qu’au troisième toro. Bonne actuación des banderilleros dans l’ensemble, saluts aux deux premiers toros.

A la sortie, aucune trace de débordement public ni même d’énervement bien évidemment, nul acheteur sensé de billet de loto ne vient se plaindre a posteriori à la Loterie Nationale.

6 Toros de Prieto de la Cal : 1/ Felino n°85, 04/17, 585 kg, 2/ Jaecero n°27, 09/15, 520kg, 3/Veragüeño, n°48, 01/17, 550kg, 4/ Dormilón n°11 10/16, 580 kg, 5/ Capotero n°36, 10/16, 530kg, remplacé par le 5 bis/ Veleidoso de Parladé, n°16, 11/16, 470 kg, 6/ Escandaloso, n°73, 05/17, 480 kg

  1. EL MURCIELAGO Répondre
    Tout est dit.
  2. Dd Catalunya Répondre
    Festejo de Harto Reseña de Arte, Olé y chapo
  3. Dd Catalunya Répondre
    Festejo de Harto Reseña de Arte Olé y Chapo
  4. EL MURCIELAGO Répondre
    Tomás Prieto de la Cal, por su parte, es más explícito, y por teléfono desarrolla los detalles de la celebración. “Es una corrida de toros”, dice, “en la que prácticamente todo sale mal. Y relata dos contratiempos que cree que influyeron negativamente en el resultado final. Primero, cuando el criador llega a la plaza a las once de la mañana del sábado, su alcalde, que había dormido esa noche en los corrales, le informa que dos toros han roto sus pitones. “El día empezó mal, porque uno de ellos era un cinqueño en quien confiaba mucho”. Segundo: “Lo que más me dolió fue la vuelta a los corrales sin justa causa el día 5 de la tarde, otro toro en el que había puesto mi esperanza. Agrega que ya estaba «perplejo» cuando escuchó que este toro saldría en quinto lugar, y no primero, como había acordado con Morante. «Creo que para un torero como él, empezar con buen pie es fundamental, pero …» Prieto de la Cal habló con el presidente de la celebración, y sus argumentos no lograron convencerlo de lucir el pañuelo verde. “La devolución me pareció una estafa”, explica, “y si encuentro las imágenes es posible que vaya a un juzgado de custodia. No me gusta que se burlen de mí ”. El criador admite que a sus toros les faltaba fuerza, aunque señala que «fueron castigados excesivamente con palos, fueron golpeados con dureza y dureza, y fueron repetidas veces llamados a los burladeros para dar tiros en la cabeza, a pesar de lo cual galoparon en banderas. , y, por tanto, apagaron la muleta ”. – Pero dijiste que Morante era el torero ideal para sus toros … – Sí, pero no ese día. Lo dije porque con unos cuantos pases podía sacar mucho de ellos, pero había que regalarlos … Era una cuestión de espíritu, y por eso le doy tanta importancia al hecho de que la fiesta había empezado. bien. “Fue una apuesta muy arriesgada y salió mal; y no rehuyo mi responsabilidad ”, insiste. “Lo siento porque fue una buena oportunidad para meterme en la tauromaquia moderna, pero ni mis toros colaboraron ni la otra parte tampoco”.

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