Les Landes traversaient un Sahara, long et brûlant comme la soif, l’Adour famélique ne charriait ni eau ni trophée depuis deux jours, la faute dit-on à un bétail accablé tout autant qu’accablant. Pensez donc ! 2 jours, un fourgon de figures et une oreille seulement à partager en 6. Le public assoiffé dans l’humide chaleur, attendait de Luque qu’il multipliât les trophées et ainsi que ne manqueront point de l’écrire quelques valetailles de rimeurs, le torero de Gerena répondit au centuple, dépeçant la seconde partie du lot et rendant même à la nature asséchée alentours le miracle de l’eau en déclenchant un déluge salutaire à la mort du 5eme. Le plus improbable dans l’histoire étant au passage le trépas de ce cinquième tant le matador tapina un indulto ni fait ni à faire, racolant auprès d’un public qui n’en demandait pas tant, du regard et du geste pour couronner son grand œuvre. Ou plutôt son grand show ; la précision du « spectacle » à rendre muette d’admiration Céline Dion débarquant de Las Vegas, témoigne de la plénitude technique que traverse actuellement le torero : capeador remarquable, muletero précis, matador sûr (5 épées à jamais plus de deux doigts du but), suave en presque toutes circonstances, Luque passa l’après midi en démonstration face à un lot de La Quinta sur mesure, c’est à dire sans poder ni intention d’en découdre (le 4 chercha en vain à crocheter les chevilles du cheval d’Heyral), doté dans l’ensemble d’une mobilité commode effleurant en permanence la soseria et dont le bilan de dimension latino-américaine (deux mouchoirs bleus et un orange) ne saurait cacher la réalité de la médiocrité, s’il reste en ce monde des aficionados pour lesquels toro bravo n’a pas à être synonyme de collaborateur. Témoignons tout de même de ce fond de race qui maintint debout certains Toros, s’obstinant a charger bouche fermée jusqu’en bout de faena, noblesse oblige.
Bref, Luque recita une partition millimètrée, mettant lui-même tout ce que les toros n’avaient pas, allant crescendo, ménageant des pauses et des effets devant un public qui fêta l’indulto rêvé au 5 et obtenu au 6 comme un but de finale de coupe du monde. Scander « Luque ! Luque! » constituant le clou d’un final douteux où tout le monde perdit les papiers après que le ciel eut perdu les eaux accouchant de 7 oreilles 2 queues, 2 vueltas, 1 indulto, un vide grenier ! Présidence piégée dans la surenchère du trophée, torero chiffonnant des séries d’enroulade de muleta, public chaviré au 5, battu par les eaux ensuite et bel et bien coulé au 6.
C’eût pu être tellement mieux en étant moins putassier. Se torea como se es, dit-on…
(paternité du titre reconnue à l’éminent Laurent Larrieu)