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La détonation

D’Estella il reste beaucoup de détails, et parmi ces détails il reste la détonation.
Je ne ressors pas le carnet. Je ne ressors pas les notes. On ne s’en tient pas aux archives pour un truc pareil.
Ce truc, la détonation donc, c’était au troisième toro de Miguel Reta, un dénommé ‘Santero’, le 6 août dernier, combattu par Sánchez Vara. C’était juste un peu avant sa mort, contre la barrière, échoué mais dans le désaccord, dans ce tout ce qu’il y a de dégringolant à tenter de définir cette façon dont les toros refusent l’issue encore un peu, quand ils disent non une dernière fois en dépit du sort et de la façon dont tout cela est scellé.
Juste avant la mort de ‘Santero’, au moment même où il était en train de passer de l’autre côté, il y a eu un bruit énorme. Un claquement terrible. Une déflagration sans souffle. Comme une explosion tronquée, ou plus exactement comme un coup de feu.
Qui, pourquoi et comment, à ce moment si précis et dans un « timing » si parfait, allume et jette en piste cet énorme et invisible pétard, cette exclamation glaçante ?
‘Santero’ s’est couché, Sánchez Vara s’est redressé dans un délire mêlé d’ovations où tant d’autres choses étaient sur le moment expulsées malgré elles, et plus personne n’a plus jamais reparlé de cette détonation, de ce bruit noir qui semblait dire à quel point, déjà, c’était une longue nuit qui s’apprêtait à commencer.

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