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Des ravages du télétravail en milieu taurin arlesien

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L’entrée fut belle, la piste aussi selon les goûts, les talanquères étaient habillées de bâches plastiques décorées que les toros de ‘GarciDomingoHernandezGrande’ dans leur grand professionnalisme s’abstinrent d’aller toucher au cas où les cornes fussent dans la lignée de la vague de manipulation qui inonde la corrida actuelle… vu de loin, on aurait bien des doutes.  L’entrée fut belle et la cantatrice s’époumonait sur des espagnolades arméno-italiennes en attendant que le public eût rejoint les tréteaux (quand donc sera publiée la liste des objets dangereux confisqués sur une saison aux aficionadooligans français aux portes des arènes ?), un « Valeennnciiiaa » castafioré plus tard pour rappeler qu’on aurait en plus pu avoir Ponce au cartel,  les toreros se mirent en branle goyesqués de frais comme il se doit. Si Talavante et Aguado n’avaient rien risqué dans les tons blanc et noir, Morante avait fait « tapis » sortant la Montera et la coleta de Paquiro en haut et un costume rose papel higiénico et azabache affublé de 3 bandes sur la couture de la taleguilla en bas : bref,  Morante avait sorti le jogging Adidas pour se déguiser en « Mon Chéri » pour le goûter. Émue ou troublée par la scène,  la cantatrice attaqua un singulier medley « Toréador-Marseillaise » ; l’entrée était belle, la piste était verte, les chevaux sans peto, la Puebla empaquetée façon chocolat à la cerise et la course en retard : sur l’alliance du kirsch et du kitsch, c’était parti pour deux bonnes heures et demie.

Le premier machin boîta si fort à la vue des banderilles que le président sortit le mouchoir « ligue 2 », tout était à recommencer. À recommencer mais ni fait ni à faire : lot abominable, décasté et même pas exploitable par le trio,  pensez donc ! Passés 4 toros, malgré une cantatrice démarrant au quart de tour (on ne remerciera jamais assez Aguado d’avoir épargné nos tympans sur ses deux faenas) et l’entrée qui était belle et prompte à battre la mesure, on n’avait procédé à l’ablation d’aucun appareil auditif : était-ce bien la Goyesque,  était-on à Arles !? 

Après son voyage de dernière minute à Bilbao occasionnant le retard de la corrida pour le remplacement de King Roca, Talavante avait sagement opté cette fois pour le télétravail et la sobriété énergétique en toréant depuis l’Extremadure. Hommage conjoint à Camus et The Cure, il tua laborieusement « Árabe »(*) sans jamais franchir Gibraltar au 2 ni déplaire à la belle entrée qui lui aurait volontiers filé du trophée si le descabello avait été plus chirurgical. Au 5, début à genoux et à distance puis faena gentille à un toro qui réclama vite que cessât la musique, fallait-il pour cela l’occire prématurément. Il n’en fut naturellement rien, longue œuvre lignée 2022 pour Talavante qui semble décidément mal digérer l’influence Joseliste. N’en doutez pas, une estocade en place et rapide libéra deux oreilles et c’est le président qui s’inclina en fin de vuelta pour remercier le torero. 

Après Alejandro, Aguado passa presque pour un Tremendiste -ce qui n’est pas peu dire- aussi mal servi que les autres, le Sévillan dépourvu de recours et d’idées partit à la dérive. Sa présence aurait été signalée dans le delta du Rhône par un Flamant rose.

Rose et flambant, Morante avait décidé de se mettre Arles en poche, il serait temps : il insista longtemps au 1, donnant des passes et des passes pour aboutir à deux séries de la gauche et une à droite toutes très accrochées. Épée lancée depuis la M30. Au 4, en revanche, le Morante encyclopédique était de sortie, extrayant du 19e siecle un répertoire de cape (de soie me semble t il) que des générations d’aficionados du 20è siècle n’ont jamais vu (la belle entrée arlésienne non plus d’ailleurs),  recortes genou ployé,  Véronique par le haut capote tenu par le milieu,  larga cordobesa et autres innovations surannées, la lanterne magique de la Puebla anima toutes les gravures de la Lidia dans les suertes et les attitudes. La faena débuta de façon tonitruante assis sur l’estribo puis vers le centre par des aidées un genou en terre qui achevèrent d’essorer le toro qui séchait devant l’interro d’histoire et finit par se décomposer totalement au fil des séries.  Impossible à cadrer, le combat avait été decrescendo et le public n’y comprit rien, épée comme on put et Salut aussi discret qu’ingrat, désolant. 

Sorti en triomphe,  Talavante a, lui, récupéré son chèque de caution chez le loueur de costume sans passer par la teinturerie. 

 

(*) aux dernieres nouvelles la ville d’Arles n’y a pas vu motif à interdiction de corridas.  Arles 1-0 Gijón

  1. NONO30 Répondre
    J'adore le ton sarcastique de ce commentaire, pour une corrida qui n'en fut pas vraiment une, il serait temps de revenir aux fondamentaux avant le suicide auto-fomenté en interne par les acteurs eux-mêmes, en premier les empresas, puis les toreros éhontés, puis les ganaderos qui acceptent l'afeitado sans vergogne de leurs bêtes (que sinon ils ne pourraient vendre...), pffff, fatigant.....

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